Pascal Zetzmann, gagneur sur le terrain et dans la vie

Le président de l’AF LUC-Dorigny nous a reçu dans son bureau professionnel, en plein coeur de Morges. Gardien de talent, dont la carrière a été raccourcie en raison de blessures récurrentes, il a passé quasiment toute sa carrière au LS, dont il est devenu l’une des figures emblématiques même s’il n’a jamais été un titulaire indiscutable. Personnage important du football vaudois, au charisme indéniable et à la carrure imposante, il a parfaitement réussi sa reconversion professionnelle, devenant responsable d’agence d’une grande assurance.

Pour nous, il détaille les raisons de son engagement avec le LUC, ses objectifs, et revient sur sa carrière sans occulter une anecdote devenue culte, celle dite de la « mariée de l’île Maurice ». A lui la parole.

Pourquoi il est devenu président de LUC-Dorigny

Cela fait longtemps que je suis arrivé dans ce club un peu particulier. J’ai commencé par y poser mon passeport et j’ai passé quelques saisons aux buts. Je suis toujours resté dans l’entourage du président, Marco Orlando, et cela faisait un moment qu’il me demandait de reprendre la présidence. Le problème, c’est que j’habitais dans la Broye, étant à l’agence Generali là-bas. Je ne me voyais pas être président d’un club sans habiter dans le coin. C’est une forme de respect pour les suiveurs, les gens qui soutiennent le club. Même si le LUC est un club un peu particulier, si je m’investis, je le fais à fond. Il y a peu de temps, j’ai eu l’opportunité de devenir responsable de l’agence de Morges, donc de déménager ici. Là, j’ai dit à Marco que c’était tout bon, que j’acceptais le poste. Il reste bien évidemment là, tout près. Marco, c’est la personne la plus importante au club, c’est lui qui a toutes les clés. J’ai désormais un rôle important, je représente le club lors des séances avec l’ACVF et l’ASF, je suis le nouveau visage de l’AF LUC-Dorigny, mais Marco n’a pas lâché du tout et tant mieux!

Les relations entre le LUC et l’Université

Bien sûr que ce n’est pas la même chose de présider le LUC que, par exemple, un club comme Lutry. Vous ne représentez pas un village ou une ville, vous représentez l’Université, avec tout ce que cela représente. Il y a des avantages et des contraintes, on va le dire comme ça. Ce n’est pas à nous d’entretenir les terrains, on ne se préoccupe pas de l’environnement, mais en contrepartie, il faut se battre pour tout et rien. L’Université et nous sommes complètement en décalage sur le plan temporel, déjà. Une année académique débute en septembre. Mais nous, pour la préparation, on a besoin des terrains en juillet, donc le planning de notre début de saison est calqué sur la fin de l’année universitaire… Ils nous demandent déjà en septembre le programme d’occupation des terrains pour février, pour eux c’est logique, mais pour nous c’est impossible. Le résultat? Des fois, on ne peut pas s’entraîner parce qu’il faut laisser la place au frisbee… Bon, on fait avec, c’est ainsi.

Un quota de joueurs universitaires

Oui, cela fait partie des particularités du club. On doit accepter tous les joueurs venant de l’Uni, c’est obligatoire. Ce qu’on fait, c’est qu’on les teste avec la II et on fait passer les meilleurs avec la I. Mais même là, c’est difficile. Vous m’imaginez dire à Vagner Gomes que son effectif passe de 22 à 29, parce qu’il doit accepter des joueurs venus de l’Uni, qui arrivent en septembre et ne seront peut-être plus là en février? C’est difficile de concilier les deux et on a envie que notre effectif soit le plus stable possible. En fait, on touche également des subsides de l’Uni suivant le nombre de joueurs provenant de chez eux. La moyenne se situe à 20 ou 30%, en comptant tout le monde. C’est notre rôle et on l’accepte. Il y a parfois de très bons joueurs, comme Tom Petter Aho, le Finlandais, qui est souvent titulaire avec la I. Marius Habiyambere est également un Universitaire, par exemple.

L’absence de buvette

C’est vrai, c’est un problème. Surtout dans l’esprit du LUC-Dorigny que je connais! Avec les « anciens », on est souvent du genre à fermer les buvettes à l’extérieur, donc on aimerait bien en avoir une à nous pour rendre la pareille. Mais de nouveau, la vente de boissons est réglementée par l’Uni. Il y a un responsable pour ce secteur précis sur tout le site et il a décidé que c’était ainsi. On aurait théoriquement le droit de mettre une table et de vendre trois thés froids, mais c’est tout. On verra, il y a un projet de nouvelles infrastructures, on espère bien avoir une buvette à nous. Ca manque, je ne peux pas dire le contraire.

Monter en 2e ligue inter, un objectif?

Non. On va profiter de ce chapitre pour tordre le cou à une ou deux rumeurs. Aucun joueur ne touche de l’argent à LUC-Dorigny. La seule personne qui est rémunérée est notre entraîneur, Vagner Gomes, et je peux vous assurer qu’il touche un défraiement inférieur à beaucoup d’entraîneurs de 2e et même de 3e ligue. De par sa personnalité et sa compétence, il amène des joueurs qu’il a côtoyé plus haut et basta. Marco Orlando, dont nous avons parlé au début, donne parfois un coup de main à des joueurs dans le cadre professionnel. Il peut le faire et tant mieux. Je ne crois pas que cela puisse être considéré comme négatif d’avoir formé des apprentis, qui ont aujourd’hui un boulot et sont épanouis dans leur vie. Daniel Nida-Nida a quitté Yverdon et la 1re ligue pour jouer chez nous pour deux raisons. D’abord parce qu’il y avait Vagner Gomes et ensuite parce qu’on a pu lui proposer de l’accompagner dans le monde du travail. Nous n’avons pas de budget pour les joueurs et ni Marco Orlando ni moi ne sommes des mécènes. Donc, partant de là, je nous vois mal aujourd’hui en 2e ligue inter. Nous avons quelques sponsors, mais vraiment rien de bien impressionnant. Pour l’instant, la question de monter ne se pose pas, nous ne sommes pas en position de finaliste. Mais je connais Vagner, je sais qu’il travaille bien et que sportivement, notre équipe tient la route. Si on est finaliste, il faudra bien qu’on discute pour savoir quoi faire et surtout comment faire. On ne va pas refuser la montée, mais aujourd’hui, on n’est pas prêts. Je ne connais pas un attaquant dans la région de Lausanne qui soit prêt à jouer gratuitement en 2e ligue inter. Aujourd’hui, à l’heure où je vous parle, on ne peut pas le défrayer. Est-ce qu’en août, si on est promus, on pourra? Je ne sais pas. Pour l’instant, je suis le président d’un club de 2e ligue.

Pourquoi le LUC est-il devenu le lieu de rassemblement d’anciens joueurs de Ligue nationale?

C’est vrai, il y a eu Christophe Simon, Ricardo Iglesias, Alexandre Vergère, les frères Carrasco, Claudio Gentile… Vous savez, le football, c’est cela, prolonger les émotions. Moi, après l’arrêt de ma carrière professionnelle au LS en 2003, j’avais décidé d’arrêter complètement. Pendant trois ans, je ne voulais plus entendre parler de ballon, rien. J’avais arrêté à cause de mes problèmes physiques, je pensais que le foot c’était terminé. Et puis un copain m’a demandé de mettre mon passeport dans un club en Gruyère. J’habitais pas trop loin, je lui ai dit que si ça lui faisait plaisir, il pouvait me compter dans l’effectif élargi. Quand Laurent Stegmann m’a parlé du LUC, je lui ai dit de prendre mon passeport, mais sans vraiment penser à jouer. Et puis le gardien titulaire s’est blessé et j’ai replongé (rires). Pour moi, c’est ça, LUC-Dorigny, un vrai groupe de tarés qui adorent le foot, la fête. Il y avait une super ambiance entre nous à cette époque… Voilà, je parle comme un ancien, c’est affreux (rires). Sérieusement, le LUC, c’est ça, un noyau de connaissances qui a grandi petit à petit jusqu’à faire un groupe très sympa.

Sa carrière entrecoupée de nombreuses blessures

Bien sûr que quand j’étais jeune, j’avais l’envie de réaliser une grande carrière, d’être un professionnel reconnu. J’avais un certain potentiel, mais j’ai été freiné par toutes ces blessures. J’aurais pu aller à l’étranger, tout était quasiment réglé avec Murcia, en Espagne. Mais c’est l’exact moment où je me suis fait opérer et ils n’étaient pas prêts à attendre six mois, ce que je peux comprendre. Je n’ai pas de regrets, mais c’est sûr que j’ai pu me poser la question de savoir le niveau que j’aurais pu atteindre si je n’avais pas eu toutes ces blessures. Je n’ai jamais pu enchaîner, c’est un peu dommage. Aujourd’hui, je sais que je vais devoir passer par une prothèse. Cela me semble inévitable, surtout que j’entends beaucoup de personnes autour de moi me dire qu’ils revivent depuis qu’ils en ont une. Je suis encore un peu jeune, mais ça va venir…

Sa reconversion professionnelle réussie

Lors d’une de mes premières blessures, j’ai fait deux stages, l’un dans une banque, l’autre dans les assurances. J’ai tout de suite su que le deuxième domaine me correspondait plus! Et là, Yvan Maccaud, responsable de l’agence Generali d’Yverdon, me dit: « Toi, tu es fait pour ça! Le jour où tu arrêtes ta carrière, que ce soit dans cinq semaines, cinq mois ou cinq ans, appelle-moi. » Je ne l’ai pas trop pris au sérieux, je sais bien que quand vous êtes footballeur, vous êtes le centre d’intérêt de beaucoup de monde… Bref, j’ai repris ma carrière de footballeur et un jour, j’étais en béquilles, en 2003. Je croise ce même Yvan Maccaud dans la rue. Il me demande ce que j’ai, je lui dis que je pense mettre un terme à ma carrière. Là, il me dit: « Tu te rappelles de ce que je t’ai dit? » Je lui réponds que pas vraiment… Et là, il me rappelle sa promesse. C’est comme ça que j’ai commencé à travailler là-bas! Comme quoi, les rencontres… Aujourd’hui, je suis responsable d’agence, heureux dans ma vie et de ma reconversion. Si mon passé de footballeur m’aide dans les affaires? Non. Au début, je me suis dit: « C’est tout bon! ». J’ai écrit à tout le Onze d’Or, mais je me suis vite rendu compte qu’être Pascal Zetzmann ne vous aide pas à vendre des assurances (rires). Bon, de temps en temps, j’ai un client qui me dit: « Mais vous n’avez pas un frère qui a joué au football? » (rires).

Le jour où il a balancé un couple de mariés dans la piscine

Ah, vous êtes au courant? Bon, tout le football vaudois la connaît celle-là, je peux bien la raconter… On était en camp d’entraînement à l’Île Maurice avec le LS. C’étaient de beaux camps, à l’époque, vraiment la classe. Mais attention, ce n’étaient pas des vacances, ça bossait sévère! On ne visitait pas l’île, je vous promets, on était tout le temps sur le terrain. L’entraîneur était Georges Bregy à cette époque, c’était la fin des années 90. Bref, un jour, au milieu du camp, il nous laisse quartier libre pour récupérer. Bon, on part sur un bateau, avec piscine au milieu, sympa. On commence à être de bonne humeur et on balance tout le monde à l’eau, y compris le président Jean-François Kurz. Il avait joué le jeu avec bonne humeur, c’était vraiment détendu. Bref, on rigole bien. On revient à l’hôtel et là, il y a un couple de mariés en train de prendre des photos officielles. Le joli truc, hein! Et là, un joueur, je crois que c’est Blaise Piffaretti, me dit: « Pascal, tu n’oses pas balancer les mariés à la flotte! ». Et il me propose 500 francs! Mais c’est pas l’argent qui m’a poussé, c’est le défi, on était tous un peu lancés… Elle était en robe de mariée, hein! Bon, ben voilà, je m’approche et je les pousse dans la piscine! Fallait voir le scandale! La belle-mère voulait annuler le mariage, elle n’est pas venue, enfin bref, le chenit complet! La direction voulait nous virer de l’hôtel! Pour finir, on a été relogés dans un autre hôtel du groupe, ailleurs, et j’ai dû payer quelque chose comme 2000 ou 3000 francs pour la robe. Le président a dû aller s’excuser, mais il riait autant que nous! Il m’a conseillé de faire signer un papier au couple pour qu’ils s’engagent à ne pas me poursuivre une fois de retour chez eux… Enfin voilà, quoi, on aura fait parler de nous! Plusieurs années après, le patron du Tennis, à Lausanne, est allé à l’Île Maurice. Quand il a dit au chauffeur de taxi qu’il venait de Lausanne, celui-ci lui a dit: « Ah, ben vous savez, il y a quelques années, un joueur du club de foot a balancé une mariée à la flotte! »

Du caractère et du charisme

Ce qui est sûr, c’est que je ne suis pas un triste. J’aime qu’il y ait une bonne ambiance, que ce soit au foot ou dans le travail. Ici, nous sommes dans mon bureau, il y a des petits ballons de foot partout, comme vous pouvez le constater. Ca peut partir n’importe quand, on se fait un match à travers l’open-space! Je conçois vraiment mes rapports comme ça et j’ai de la franchise dans tout ce que je fais. Je suis quelqu’un de direct. Quand je suis à un match de foot et que quelqu’un dit quelque chose qui me déplaît, il aura du répondant, ça c’est clair. Vous parliez avant de mon passé de footballeur et me demandiez si cela m’aidait dans les affaires. La réponse est non, mais je dirais que le côté compétiteur joue un rôle. Là, oui, clairement! Je n’aime pas perdre, j’étais un gagneur sur le terrain, je le suis dans la vie. Si je me fixe des objectifs, je me bats comme un sportif de haut niveau pour les atteindre. Cela peut être le nombre de contrats ou gagner un client, une affaire… De ce côté-là, cela me sert, oui. Je ne pourrais pas faire « Pekin-Express » avec ma femme, on s’engueulerait au bout de deux semaines… non, de deux jours, plutôt! Elle, elle serait contente d’être là, de voir les paysages, et moi je voudrais absolument gagner, je me connais. De temps en temps, avec Yvan Maccaud, on se faisait des parties de foot dans le jardin, avec les enfants. Jusqu’à 4-4 ou 5-5, les gamins ont le droit de toucher le ballon, mais quand ça devient sérieux, ils n’ont plus la balle, on joue pour gagner! Ca peut paraître fou, mais c’est comme ça, je ne peux pas perdre un match (rires).

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