Pierre Cheminade a trouvé l'équilibre parfait

Le défenseur central de 35 ans est incontournable à Montreux. Arrivé la saison de la montée en 2e ligue inter, en 2013-2014, il est resté fidèle au MS depuis lors. Arrivé de Portalban/Gletterens, où il officiait comme entraîneur-joueur, il a accepté de redevenir un « simple soldat » dans l’effectif montreusien. Comment s’est passée la transition d’entraîneur à joueur, un parcours peu commun, pour ce solide défenseur? On lui a posé cette question, et quelques autres.
 
Pierre, il y a une question qu’on a envie de vous poser depuis des mois…
Je m’attends au pire…
Bon, on se lance! Comment est-ce possible de redevenir joueur quand on a été entraîneur?
C’est tout?
Oui!
Sincèrement, cette décision a été facile à prendre. J’étais fatigué, j’avais trop de poids sur les épaules. J’avais simplement besoin d’avoir moins de responsabilités. A Portalban, sur la fin, je n’en pouvais plus. Je m’en rappelle très bien, c’était après un match à Thierrens. Je suis allé vers le président, je lui ai dit: « C’est fini ». Il m’a demandé de réfléchir, mais ma décision était prise.
Que s’est-il passé, exactement?
En fait, si je n’avais été qu’entraineur-joueur, je pense que je serais arrivé à gérer, mais là, chaque année, on me rajoutait des responsabilités. J’étais manager général, là-bas. Je gérais les contrats des joueurs, leurs états d’âme, je m’occupais de tout l’aspect financier. Au bout d’un moment, ça finit par vous bouffer. Surtout que j’avais constitué une équipe très sympa, avec Tanfol Ouattara, Karim Diarra, Fatah Ahamada, Hakim Khadrouche… Tous ces gars-là, j’ai voulu les mettre bien, et j’estime avoir été correct. Je n’ai rien à leur reprocher, d’ailleurs, mais au bout d’un moment ça faisait trop de choses à gérer pour moi.
Vous avez été entraîneur-joueur pendant combien de temps?
Trois ans et demi.
Ah oui, quand même!
Oui. Mais comme je vous l’ai dit, si je n’avais été qu’entraîneur-joueur, ça aurait bien fonctionné.
Bon, retour au terrain. Aujourd’hui, vous arrivez rester à votre place quand l’entraîneur parle? Vous n’avez pas envie de prendre la parole, des fois?
Mais je le fais, ne vous inquiétez pas pour moi (rires). J’ai une très bonne relation avec Cédric Faivre, donc l’année dernière, même quand ça allait moins bien au niveau des résultats, il n’y a jamais eu le moindre souci entre nous. Et aujourd’hui qu’il est associé à Dany De Nardis, il n’y a pas de souci non plus.
Bon, petit flashback, racontez-nous votre début de carrière. On adore savoir comment tout a commencé!
En fait, je viens de Troyes et j’ai commencé le foot là-bas.
Comme 80% des Français jouant dans le canton de Vaud! C’est fou, ça.
Oui, et on se connaît bien sûr tous. Mais j’ai une particularité quand même, j’étais le premier à venir ici, en 2004.
Toumi Trabelsi, c’est dans ces années-là aussi qu’il est arrivé, non?
En 2004-2005, je crois, vous avez raison, mais j’étais quand même là avant lui!
Bon, vous êtes le pionnier, d’accord! Mais donc si on calcule bien, vous étiez à Troyes en même temps que Fabio Celestini! Vous le connaissez?
Oui, mais attention, c’était un monsieur là-bas, le capitaine de la première équipe! Moi, j’étais un jeune finissant sa formation. Je m’entraînais une semaine avec la réserve et une semaine avec les pros, en alternance. Donc oui, je le connais, mais je n’allais pas lui taper dans le dos.
Vous l’avez revu ces derniers mois?
Non, mais je sais bien sûr qu’il est de retour au LS. Vous savez, c’est un joueur qui était très apprécié à Troyes, une vraie personnalité. Il était un peu introverti comme ça en dehors, mais il se transformait sur le terrain, il devenait un vrai leader.
Bon, donc vous intégrez la première équipe de Troyes…
A petites doses, mais le nouvel entraîneur Jacky Bonnevay ne voulait pas de moi, donc départ à Chapelle, une équipe de CFA dans l’Aube. De là, je suis arrivé en Suisse.
Comment?
En fait, je devais signer à Yverdon!
Ah bon?
Mais oui! C’est là que j’ai débarqué, au cours d’un match test. Le président Cornu voulait me signer, mais il y a eu des embrouilles avec Chapelle concernant mon contrat fédéral, donc je n’ai pas pu signer en Challenge League. Alors, je me suis retrouvé à Fribourg où mon aventure suisse a débuté. Voilà, vous savez tout et la suite, je crois que vous la connaissez à peu près.
Vous avez toujours marqué des buts?
Ah oui! Mais vous savez, je suis arrivé comme attaquant en Suisse!
Pardon?
Mais oui! A Fribourg, j’étais en pointe, je marquais quinze buts par saison (rires).
On est désolé, mais on ne s’en rappelle absolument pas! Qui vous a replacé derrière, alors?
Stéphane Henchoz, à Bulle! Bon, déjà à Fribourg, il est arrivé que je joue en milieu défensif, derrière deux meneurs de jeu, Stéphane Fragnière et Fabrice Tayau. Mais c’est à Bulle que je suis allé en défense centrale, et je n’ai plus bougé.
Et vous avez réalisé une carrière plus qu’honorable comme défenseur, marquant sept ou huit buts par saison à chaque fois.
Oui, j’ai gardé quelques réflexes, c’est vrai (rires)!
Bon, à part ça, vous avez toujours joué dans des clubs ambitieux de 1re ligue ou de 2e ligue inter, comme Bulle, Le Mont ou Serrières, mais jamais plus haut. Vous n’avez jamais été approché?
Oh si! Il y a eu Baden, Wohlen… J’avais le contrat sous les yeux, c’étaient plus que des contacts. Mais on va être clair: j’ai un boulot qui me plaît, je ne vais pas le quitter pour aller pro à n’importe quel prix.
En clair?
Quand un club de Challenge League vous propose 3000 francs, je n’appelle pas cela être professionnel. Je préfère avoir un boulot qui me plaît et jouer à un niveau semi-pro, voilà la vérité.
Là, à Montreux, vous avez trouvé le bon équilibre? Vous faites quoi d’ailleurs comme boulot?
Je suis chez Groupe E, où j’ai un statut de responsable. Je vis à Fribourg, ce n’est pas si loin de Montreux. Et oui, je me sens bien au MS, j’ai encore quelques années de foot devant moi.
Entraîneur-joueur, c’est fini?
Oui, c’est sûr. Dès que je sens que je baisse un peu sur le terrain, j’arrête et je me consacre à 100% à mon rôle d’entraîneur.
C’est pour quand?
Aucune idée, je me sens encore très bien, là. Je ne me vois pas arrêter de sitôt, vous allez encore me voir quelques temps (rires).
Après le foot, vous pensez rentrer en France?
Ah non, pas du tout. J’ai construit ma vie ici, j’ai ma famille là. Comme je vous le dis, je trouverai un club sympa où entraîner, en marge de ma vie professionnelle.

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