Renato Provenzano met la 2e ligue à ses pieds

Pendant le match entre Grandson et Assens, vendredi, on a reçu un message d’un responsable du FCA nous demandant, en substance, qui était ce Renato Provenzano qui était en train de leur mettre la misère. Les visiteurs menaient pourtant 0-1 à la pause à Grandson, sur le terrain du leader de ce groupe 2, mais ils ont été submergés en deuxième période par le talent du numéro 10 grandsonnois, auteur d’un doublé. Bien sûr, ce jeune homme de 22 ans n’est pas tout seul et la force du FCGT, celle qui lui permet d’être leader aujourd’hui après avoir frôlé la relégation la saison dernière, est avant tout collective. Mais quand même: la performance de Provenzano, neuf buts en six matches cette saison, mérite qu’on s’y attarde.

Joël Corminboeuf le trouvait trop petit

Sa trajectoire? Comme celle de tant de jeunes: des débuts dans son club d’origine, le FC Grandson-Tuileries, en E et en D. Là, Team Vaud repère alors ce talent et il intègre alors la section nord-vaudoise. Il joue alors à Yverdon, mais, à 16 ans, le couperet tombe: trop petit. Loin. « Je m’en rappelle parfaitement. Ce jour-là, j’étais dans le bureau de Joël Corminboeuf, son entraîneur, dans la petite cabane en bois derrière le Stade Municipal. Lorsqu’il m’a annoncé ça, je lui ai juste dit qu’il ne connaissait rien au foot », glisse Carlos Rangel. Le principal intéressé s’en souvient bien évidemment: « Ca m’a fait mal, mais qu’est-ce que je pouvais y faire? L’argument qu’il m’a donné, c’est vraiment celui de la taille, c’est tout. J’ai donc dû quitter Team Vaud en M16. » Là, l’idée d’arrêter le foot lui passe par la tête, mais Carlos Rangel le convainc d’intégrer les actifs du FCGT, son club de toujours.

Il a retrouvé le plaisir de jouer avec la II

« Au début, je jouais à la II avec mes copains de Grandson, en 4e ligue. Je voulais surtout avoir du plaisir, jouer au foot pour m’amuser. Et puis, petit à petit, je me suis repris au jeu », explique le numéro 10. Surtout, Carlos Rangel l’a harcelé. « Je lui ai dit que c’était exclu qu’il reste avec la II. Le foot avec les copains, c’est bien beau, mais tu peux les voir après à la buvette, tes copains! Tu peux sortir en boîte de nuit avec eux, tu peux boire des bières dans les vestiaires, tu peux avoir les même copines, je m’en fous, mais sur le terrain, tu dois exploiter ton potentiel. » Alors, gentiment, Renato Provenzano est devenu le meneur de jeu de la première équipe, explosant vraiment lors du deuxième tour de la saison 2014/2015. A peine revenu de blessure, il a fait un deuxième tour de feu. Et là, il ne fait que confirmer, mettant à mal toutes les équipes de 2e ligue depuis la reprise.

Meneur de jeu plus qu’attaquant

Lui, le meneur de jeu, en est donc désormais à neuf buts en six matches, ce qui fait de lui le meilleur réalisateur de 2e ligue. « Oui, mais les autres ont des matches en moins. Et puis, de toute façon, arriver à 30 me semble compliqué, mais ce concours est sympa, ça met une petite pression supplémentaire. Mais moi, je suis numéro 10, j’ai autant de plaisir à faire une belle passe décisive », glisse-t-il. Tiens, d’ailleurs, se considère-t-il plus comme un deuxième attaquant ou comme un meneur de jeu? « Non, on a des ailiers, donc dans le 4-2-3-1, je suis vraiment le 10. Bon, je m’entends très bien avec Mathias Freymond, l’avant-centre, qui me libère beaucoup d’espaces. Si vous voulez me définir comme « 9 et demi », vous pouvez », sourit-il.

« Je ne vais jamais aller frapper à une porte »

Ultra-technique, très altruiste, il est apprécié de tous dans le vestiaire. « Mais pas plus qu’un autre », corrige-t-il. « Ce qui fait notre force, c’est qu’on est vraiment un groupe, on est tous de Grandson et d’Yverdon, on se connaît depuis des années. Moi, je ne m’enflamme pas parce qu’on commence à parler de moi ou que je mets des buts. Je sais très bien que l’équipe est plus importante que tout. » Il le sait pourtant, ses performances attirent les regards venus de plus haut. « Mais je n’ai rien fait, encore, et on n’est qu’en 2e ligue. Il faut relativiser. Après, je ne vais jamais aller frapper à une porte, mais si quelqu’un vient avec un projet intéressant, dans un environnement sain, j’écouterais. Mais mon club de coeur, c’est Grandson, et j’ai un plaisir énorme à venir à l’entraînement, retrouver les copains. C’est ce qui explique que je me sens si bien », explique-t-il honnêtement.

Il aurait pu aller à Baulmes à 18 ans

Cette saison, les Grandsonnois s’entraînent entre trois et quatre fois, ce qui lui plaît énormément: « On adore le foot, on adore venir là et boire une ou deux bières après. Pour moi, le foot, c’est ça. On s’entraîne sérieusement et on a conscience que si on est forts, c’est grâce à notre esprit d’équipe. » Aucune chance, donc, de le voir partir en vrille ou de choper la grosse tête? « Absolument pas. Je ne me pose même pas la question, je suis juste un gars de cette équipe et c’est très bien comme ça. » Il aurait pu aller à Baulmes, en 1re ligue, alors qu’il était âgé de 18 ans. Deux de ses jeunes coéquipiers d’alors, Stéphane Varela et Joao Monteiro, y étaient allés. Pas lui. « Bon, ça n’a pas été une décision facile à prendre, mais le plus important était de finir mon apprentissage. Les entraînements étaient en fin d’après-midi et la vie professionnelle, c’est le plus important », explique celui qui est aujourd’hui assistant en RH.

Carlos Rangel: « Il a tout »

La conclusion? Elle est pour Carlos Rangel: « Je ne comprends toujours pas comment un gamin comme lui a pu échapper aux spécialistes du football de notre pays. Il a tout et surtout il a quelque chose que peu de jeunes de son âge ont: la grinta. C’est un gagneur, un gars qui en veut toujours plus. Mais bon, il est petit, donc les docteurs du football sont passés à côté. » A 22 ans, il n’est peut-être pas trop tard.

Fc Grandson-Tuileries vs Fc Assens 3-1
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FC Grandson-Tuileries – FC Assens 3-1 (0-1)

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