À la rencontre de Jonathan Caeiro

En voyant jouer Jonathan Caeiro, le premier mot qui vient à l’esprit est: élégance. L’attaquant portugais du FC Vevey Sports 05 est ce qu’on appelle un « beau joueur ». Facile avec le ballon, la conduite de balle parfaite, il est, de plus, d’une efficacité redoutable. Une preuve? Cette saison, il a tout simplement inscrit 36 buts, se montrant, de plus, décisif dans les moments importants. En inscrivant le premier but de la finale de la Coupe vaudoise et deux buts face à Champvent au match retour des finales, il a prouvé être là quand cela commençait à chauffer. Mais qui est vraiment Jonathan Caeiro? Et comment un buteur comme lui, formé au Sporting Lisbonne, peut-il se retrouver en 2e ligue régionale suisse? Pour avoir la réponse, le plus simple a été d’aller le lui demander, tout simplement.

Repéré à 13 ans par le Sporting Lisbonne

« Pourquoi la Suisse? Mais parce que je suis né à Puidoux, déjà! » Première surprise, « Johnny » n’est pas né au Portugal, mais bien sur la Riviera, d’où il est parti très jeune pour découvrir son pays d’origine. « Un quartier au sud de Lisbonne, où je jouais au football huit heures par jour. J’ai toujours eu cette passion. Avec mes copains, on n’arrêtait pas. J’étais un grand fan du Sporting, mais surtout du jeu. On était des fous. Et j’ai joué dans un petit club, comme tout le monde. En une saison, j’ai marqué 72 buts! » Le phénomène commence à intéresser pas mal de monde dans la grande cité de football qu’est Lisbonne. « Un jour, j’avais 13 ans, sept hommes en costard sont entrés dans la buanderie où travaillait ma mère. Ils ont demandé si j’étais bien son fils. Elle était sûre que j’avais fait une bêtise, elle n’osait pas répondre! C’est quand ils lui ont dit qu’ils travaillaient pour le Sporting qu’elle a commencé à se détendre… », rigole le buteur aujourd’hui. Non, il n’avait pas fait de bêtise, mais c’est bien son talent qui lui a permis d’intégrer le très réputé centre de formation du Sporting, d’où sont sortis Cristiano Ronaldo, Ricardo Quaresma, Nani… « Pfff, là-bas, c’était la folie. Les entraînements, tu as 50 personnes, je te promets! Des gens, tu ne sais même pas qui c’est. Des agents, des directeurs sportifs, des recruteurs… »

La concurrence commence à se faire sentir

Là-bas, le jeune Lion gravit petit à petit les échelons, devenant même international portugais. « Oui, j’ai joué pour la Selecção! Contre la Finlande, un grand souvenir. » La carrière semble lancée, mais le premier problème va survenir, lorsque le Sporting fait venir un espoir Africain au poste d’avant-centre. « Rien à dire, c’est la concurrence, c’est un grand club. Il était international dans son pays, le Congo, je crois. Et au Sporting, toutes les équipes de jeunes jouent comme la première, en 4-3-3. Même tactique pour tout le monde. J’étais le titulaire en pointe, mais le nouveau était venu pour cette place. Mais moi, je suis un pur avant-centre! A limite, je peux jouer sur un côté, mais l’entraîneur a décidé de me placer en 8, puis latéral. Je n’ai rien dit, ce n’est pas au cours de ta formation qu’il faut te plaindre. J’ai joué quasiment une année comme latéral, sans me plaindre. »

Mais la situation n’était pas tenable sur le long terme, d’autant que le sélectionneur national de sa catégorie d’âge lui a clairement fait comprendre qu’il devait jouer comme attaquant, et nulle part ailleurs: « Il m’a dit que si je ne jouais pas à ma place, il ne pourrait plus me prendre. Et tout se sait… Alors, je n’ai pas été très surpris quand un agent est venu me voir à la fin d’un entraînement au Sporting. Il m’a parlé de Cadiz, qui venait de monter en première division espagnole. Je pouvais aller jouer avec Cadiz B et espérer la première. J’ai dit oui. »

Une expérience espagnole à Cadiz et retour au Portugal

Départ donc pour l’Espagne, pour côtoyer de plus près le monde pro. « Un bon souvenir, j’ai pu jouer contre Diego Simeone, par exemple. Mais arriver en première équipe, c’était compliqué. Il y avait de très bons attaquants, comme l’international paraguayen Carlos Acuna. Je n’ai pas réussi à m’imposer en première équipe, et je suis retourné au Portugal. Est-ce que la marche était trop haute? Je ne sais pas… Je n’ai peut-être pas eu de chance, mais la concurrence était rude. Au Portugal, j’ai recommencé à marquer des buts, on a fait une belle saison, mais on n’a pas été payés. Pas que moi, attention, toute l’équipe. A ce moment-là, Joao Pinto, qui venait de partir du FC Sion au FC Bagnes, m’appelle. Il était avec Alain Gaspoz. J’ai pesé le pour et le contre, et j’ai décidé de revenir en Suisse. »

L’arrivée à Vevey après le FC Bagnes

En Valais, il continue à faire ce qu’il sait faire de mieux: marquer. Et rejoint Vevey, en 2e ligue inter, où il évolue depuis deux saisons et demi aujourd’hui. « Je suis arrivé à Noël, et on a coulé tout de suite. Bon, ce n’était pas de ma faute, attention (rires). L’an passé, on n’a pas réussi à monter, mais cette année, c’est fait, enfin! » A-t-il pensé à partir de Vevey, l’an dernier, alors que la 2e inter se refusait au club de Copet? « Non, pas vraiment. J’ai quelques offres, mais rien qui puisse me faire partir de Vevey pour l’instant. Ce sont des clubs de 1re ligue, qui m’appellent régulièrement. Mais je suis bien à Vevey, et les choses sont claires: si un gros club m’appelle, avec une belle offre, alors j’entrerai en matière. Mais je suis en train de faire ma vie ici. J’ai un boulot sympa, un appartement où je me sens bien, et j’aime beaucoup le FC Vevey Sports. Après, c’est clair que si j’ai une offre pour devenir footballeur professionnel, je vais l’étudier, ça reste dans un coin de ma tête. »

Il a marqué à chaque match, sauf trois!

A Vevey, il est apprécié de tous pour son efficacité, bien sûr, mais aussi pour son humilité, puisqu’il n’hésite jamais à se mettre au service de l’équipe. Ainsi, au premier tour, il n’a pas hésité à jouer sur un côté, dans le 4-3-3 imaginé par Ugo Raczynski. « Je n’ai pas tous les réflexes de repli défensif, c’est sûr, mais cela ne m’a pas dérangé. » Au bilan du premier tour, 8 buts et, surtout, 15 passes décisives. Au début du 2e tour, il a cependant été replacé en pointe. Et là, 26 buts en un tour! Seules trois équipes ont réussi à ne pas le faire marquer entre janvier et juin: Chavornay en 1/4 de finales de la Coupe, Dardania en championnat (mais il s’est rattrapé en 1/2 de la Coupe), et Champvent au match aller des finales (mais il a inscrit un doublé au retour). Sinon, « Johnny » a scoré à chaque match!

« Je la sens bien cette saison, vraiment »

En sera-t-il de même en 2e ligue inter? « J’espère bien! Il y aura plus d’espaces, je pense. En 2e ligue, on a fait face à des défenses regroupées. Quand tu marques le premier, ça va mieux, et encore… En 2e ligue inter, je pense qu’on sera dominés quelques fois… Et là, je pense qu’on aura des possibilités de faire mal. Je la sens bien cette saison, vraiment. On est un bon groupe, très uni, avec une superbe ambiance. On sort d’une belle année de football. Mais on en veut plus. »

Le FC Vevey Sports peut être tranquille: il pourra compter sur son buteur cette saison encore. Et il a encore faim de buts. Très faim.

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