Le FC Bavois s’est entraîné samedi matin, dans la bonne humeur et la concentration. A la veille d’aller affronter le FC Münsingen (1-2 à l’aller aux Peupliers, retour dimanche à 14h30), Marco Grosso a accepté de partager un expresso avec nous. A 35 ans, le gardien du FCB vit ses premières finales et a répondu à nos questions en toute franchise, riant de son image et se montrant en interview comme dans la vie: sympa, humble et très drôle. Tout le contraire de ce qu’il dégage sur le terrain, en fait.
Signor Grosso, vous allez vous qualifier dimanche à Münsingen?
Oui, bien sûr! C’est clair qu’on va le faire. Je ne vous cache pas qu’il y avait une immense frustration après le match de mercredi (lire ici). On ne s’est absolument pas fait bouger, ils n’ont rien montré et on perd 1-2… On ne se sent absolument pas inférieurs à eux après ce match aller. Ils ont eu trois occasions, ils ont marqué deux fois.
Mais vous n’avez pas eu d’occasions…
Ils ont fait le match parfait dans ce format aller-retour. Ils ont tout fait juste, il faut leur laisser ça. Ils sont venus pour défendre, ils l’ont fait et ils ont ramené un bon résultat. Ok, bien joué. On respecte. Mais ce dimanche, ça va être différent.
Pourquoi? Vous pensez vraiment que vous aurez plus d’espaces là-bas?
Non, je pense qu’ils vont défendre, comme ici. Ils vont nous attendre, parce qu’ils se disent que de toute façon, on ne sera pas dangereux. Mais on va mettre la folie nécessaire. Vous avez suivi Bavois ce deuxième tour, vous savez de quoi on est capables.
Du meilleur comme du pire…
Y compris dans le même match. Mais contre Echallens, on renverse la situation à la dernière minute, par exemple. On est des fous, on l’a déjà prouvé et ils vont voir cette facette-là de Bavois dimanche.
Ce n’est pas le vrai Bavois qu’ils ont vu ce mercredi?
Si, aussi. On a plusieurs visages, comme je viens de vous le dire. On en a montré un ce mercredi, et on va en montrer un autre, celui qui fait qu’on peut marquer plusieurs fois dans le même match. J’y crois à fond et je peux vous assurer que chacun de mes coéquipiers aussi.
Ah ben on espère, oui…
Non, mais c’est clair! Si on n’est pas convaincus qu’on va réaliser un gros truc là-bas, on ne prend pas le car dimanche! On y va pour gagner par deux buts d’écart, c’est notre mission. On sait qu’ils ont l’avantage, il y aura du monde pour les supporter, ils ont toutes les cartes en main, mais de nouveau, on va frapper fort.
Marco, à titre personnel, ces finales sont une belle récompense pour vous. Vous avez débuté la saison dans le rôle de remplaçant de Christopher Meylan, qui a fait de très bons matches, mais s’est blessé. Et là, vous êtes dans les buts pour des finales de 1re ligue. C’est une belle histoire, non?
Je vais même aller plus loin, si vous êtes d’accord.
On vous en prie.
Quand j’ai quitté Azzurri il y a deux ans, j’étais sans club. Rien. Et puis, Christopher Meylan s’est blessé et Bavois cherchait un gardien. Jean-Michel Viquerat mangeait avec Yves-Alain Monnier, un de mes anciens coéquipiers, et c’est là que mon nom est ressorti, alors que je n’avais jamais joué en 1re ligue. Quelques jours après, je signe et je fais une belle saison 2014/2015, peut-être la plus belle de ma carrière. On échoue à deux buts des finales. Pour moi, ça commence là.
Et là, Christopher Meylan débute la saison comme titulaire. Ce qui nous a frappé chez vous, c’est que vous avez accepté cette décision avec fair-play. Avec votre caractère, on pensait qu’il y aurait des vagues…
Parce que vous avez une mauvaise image. Chris et moi, on s’entend bien, c’est la vérité. Bien sûr que je n’étais pas content d’être sur le banc, c’est normal, mais je suis toujours derrière lui. Au premier tour, j’ai joué un peu, mais je n’ai pas été bon, je l’avoue. Après, j’ai commencé le deuxième tour, j’ai été plutôt pas mal contre La Chaux-de-Fonds et Guin, et puis, après le match contre Stade-Lausanne-Ouchy, le coach a décidé de couper la tête de Boubou Ouattara et la mienne. Pas de problème, c’est le foot.
Vous n’avez pas demandé d’explications à Bekim Uka?
Bekim et moi, on se connaît depuis des années. J’ai 35 ans, je suis un grand garçon. Il m’a dit qu’il m’avait trouvé moins bien contre Stade, j’ai accepté. Chris a repris sa place et là, il s’est à nouveau blessé et depuis Team Vaud, je ne suis pas ressorti des buts. Donc, prenez-le comme vous voulez, comme un concours de circonstances ou pas, ou comme une récompense si vous voulez, mais ce qui est sûr, c’est que j’ai toujours tout donné, sans jamais tricher ni faire de vagues.
Marco, vous êtes extrêmement exubérant sur le terrain. On vous entend de loin, vous gueulez tout le temps… Il y a une part de show ou vous êtes sincère à 100%?
Aucun show, je vous assure. J’aime parler, diriger ma défense, et je suis comme ça, voilà. J’ai une grande gueule, je le sais. Ça plaît ou pas.
Comme quand un adversaire rate une remise en touche et que vous lui criez que les juniors D, c’est le matin…
Ah, vous l’avez entendue, celle-là (rires)? C’est un moyen de décompresser, ce n’est pas méchant. Après, je sais ce que les gens disent de moi. Je dégage une image de gars gonflé, je porte ça. Bon, voilà, je ne vais pas changer. Il y a une autre formule qui circule, que j’aime assez bien.
Ah, on la connaît! « Ceux qui jouent contre Grosso le détestent. Ceux qui jouent avec l’adorent! », c’est ça?
Oui, elle est plus sympa, celle-là (rires). Vous savez, je suis tranquille, moi. Je n’ai pas fait une carrière de footballeur, j’ai fait un parcours régional, dont je suis fier, à mon modeste niveau. Avec mes qualités et défauts, comme tous les joueurs du monde. Ce qui est sûr, c’est que j’ai toujours tout donné pour mes couleurs. J’ai cette valeur-là.
Tiens, d’ailleurs, cet été vous allez jouer, tout comme vos coéquipiers Muamer Zeneli, Boubou Ouattara et Dren Basha, dans un spectacle humoristique dans le cadre du 75e anniversaire du club. Quatre représentations, plus de 1000 spectateurs au total… Pourquoi vous-êtes vous embarqué là-dedans?
Parce qu’on m’a demandé!
Vous auriez pu refuser.
Vous savez, il y a une expression en italien qui dit que la grande gueule, il faut l’assumer, à peu de choses près. Donc voilà, je vais aller mettre mon museau dans ce spectacle et je me réjouis. Ce sera une nouvelle expérience, ça va être sympa.
Cette grande gueule, c’est aussi pour cacher de la nervosité?
Non, je ne crois pas… Ce qui est sûr, c’est que je suis un malade de foot. Je peux me mettre dans des états pas possibles. Après Stade-Lausanne, où je ne suis pas bon, je ne dors pas. Mais vraiment! Et après Münsingen, mercredi, j’ai tourné ça dans toute ma tête. Ma copine, mon frère Fabio, mes amis, tout le monde m’a dit que j’avais fait un bon match, que je n’avais rien à me reprocher. Mais la défaite, mon ami, la défaite! Ce 1-2, je l’ai en travers de la gorge. Et vous pouvez me dire mille fois que j’ai fait un bon match, ça ne changera rien.
Mais puisque vous allez gagner dimanche, tout sera oublié, non?
Là, oui. Eh, d’ailleurs, vous vous rappelez l’année où on est montés de 2e ligue en 2e ligue inter avec Bavois?
Contre Le Mont, c’est ça?
Oui.
L’année… Bon, vous étiez aux buts, ça on s’en souvient, il y avait Hicham Bentayeb et William Luckhaupt en face… 2007?
Raté, c’était en 2006. Il y a pile dix ans. Et je crois à ces signes-là, c’est con, hein?
Pas forcément.
On est montés en 2006 après de très belles finales et dans la foulée, l’Italie est championne du monde. Un été fantastique. Allez, un autre signe: l’année dernière, on rate les finales pour deux buts et Naples, mon équipe, rate la Champions League de peu. Cette année, Naples s’est qualifié pour la Champions, donc…
Donc, vous êtes en train de nous annoncer qu’en 2016, Bavois va gagner ses finales et l’Italie être championne d’Europe?
Non, allez, il y a une des deux prédictions qui est impossible, j’avoue.
Laquelle?
Je vous laisse deviner (rires).