Stade-Lausanne, même pas une surprise

Le FC Wil a dépensé des millions, vraiment, pour se constituer une équipe capable d’atteindre rapidement la Super League. Les propriétaires turcs du club saint-gallois ont dû s’avouer vaincus la saison dernière face au Lausanne-Sport, mais cette année, ils se voyaient bien rivaliser avec le FC Zurich pour la promotion. Cet été, Wil a encore recruté du lourd, mais ils auraient pu s’économiser quelques centaines de milliers de francs en recrutant juste. Il y a en effet du côté de Vidy un attaquant qui coûte (un peu) moins cher que ceux du club du Bergholz, mais qui rapporte plus gros. Oui, le meilleur attaquant du match entre Stade-Lausanne-Ouchy et le FC Wil, dimanche, portait le numéro 11, jouait en rouge et s’appelait Sonny Kok.

Un 2-0 absolument phénoménal de la part de Sonny Kok

L’avant-centre du SLO a tout simplement réalisé le match de sa vie, on n’a absolument pas peur de l’écrire et on n’exagère pas une seule seconde. Il a détruit la défense saint-galloise, réussissant deux buts et deux assists pour Brice Ngindu. Le 2-0, d’ailleurs, était absolument phénoménal: le blond attaquant a pris le ballon à 40 mètres de ses propres buts, est parti sur le côté, a détruit les défenseurs saint-gallois à l’épaule et à la course et s’en est allé défier Steven Deana au premier poteau. Un but absolument fou, qui a laissé tout le Stade Juan-Antonio Samaranch muet, empli de surprise et d’admiration. Oui, Sonny Kok a été exceptionnel ce dimanche. Et au final, Stade s’est imposé 4-2 face au pensionnaire de Challenge League, un résultat absolument logique.

Enfin une grande victoire, absolument méritée

Bien sûr, il faut d’abord rendre hommage au collectif du SLO, qui s’est construit petit à petit au fil des années. Il est le fruit du travail patient d’Andrea Binotto et des décideurs du club, qui savourent enfin une grande victoire, amplement méritée. Stade était passé tout près il y a trois ans face à Zurich et reste sur deux échecs en finales de promotion. En fait, jusqu’à maintenant, le SLO faisait tout juste, jusqu’au moment décisif. Ce dimanche, les Stadistes ont fait tout juste, un point c’est tout.

Carl Martinet et Ahmed Mejri, la classe

Le premier but, d’ailleurs, était symptômatique d’une équipe supérieure à son adversaire dans la roublardise. On pensait le FC Wil imbattable dans le vice, mais sur ce coup-là, les Saint-Gallois se sont fait surprendre par l’intelligence de Carl Martinet et d’Ahmed Mejri. Le premier a flairé le bon coup et a incité le Tunisien à vite jouer un coup-franc sur le côté gauche. Mejri a tout vu, tout compris, et glissé le ballon à Martinet, dont le centre en retrait a trouvé Sonny Kok, tueur face à Steven Deana, pris à contre-pied. 1-0 à la 11e!

Wil complètement à la rue en début de match

Mieux, alors que Wil pressait pour revenir, le même Sonny Kok a alors inscrit son sublime 2-0, ne demandant absolument rien à personne. Lui qui s’astreint à une préparation physique individuelle depuis plusieurs mois a vu ses efforts payer sur ce coup-là. Les défenseurs alémaniques se sont fait bouger comme rarement et n’ont pu que constater les dégâts: 2-0 à la 21e! Wil était complètement dépassé, très bien contenu par la maîtrise tactique des Lausannois, qui leur étaient supérieurs en tous points.

Sonny Kok, double buteur et double passeur

Le pensionnaire de Challenge League allait-il s’énerver un brin après le retour des vestiaires? Même pas. Ou alors si c’était le cas, on ne l’a pas vu. Sonny Kok, double buteur, allait même se muer en passeur pour Brice Ngindu, après une nouvelle belle action de Carl Martinet. L’ailier droit ne se faisait pas prier pour allumer à son tour Steven Deana et offrir le 3-0 au SLO (51e). Dès lors, Wil, avec trois buts de retard semblait complètement éliminé, d’autant que les Saint-Gallois n’ont absolument rien montré jusqu’à la 82e. De la révolte? Trop peu. De la qualité de jeu? Elle était de l’autre côté. Wil, en crise, n’a rien réussi de bon jusqu’aux toutes dernières minutes.

Et soudain, le craquage incompréhensible

C’est là, à la 82e, que Murat Akin a inscrit le 3-1, un peu par hasard, juste avant le 3-2 de Samir Fazli, tout aussi vilain. Alors, à ce moment-là, on a eu peur, évidemment, que le SLO se fasse planter de manière imméritée et complètement incompréhensible. Cela aurait été cruel, injuste et tout ce que l’on veut, mais le football est ainsi fait, parfois. Heureusement, il y a eu une justice et il y a eu, surtout, encore un grand Sonny Kok. L’attaquant s’est offert trois passements de jambes et une nouvelle passe décisive pour Brice Ngindu, lui aussi impérial à la finition. SLO-Wil, 4-2, score final. Enorme.

Non, ce n’est pas un exploit

Le plus fou, dans tout cela, c’est que ce succès est amplement mérité et logique. Non, le Stade n’a pas réalisé une énorme surprise ni un gros exploit ce dimanche: c’est tout simplement le plus fort qui a gagné. « Tout le monde me dit ça », souriait Andrea Binotto, qui a tout de suite tenu à rester les pieds sur terre. « Franchement, ça reste un exploit, parce qu’il fallait encore le faire! Mais oui, on a été vraiment bons aujourd’hui, on peut le dire. Il y a juste ces minutes de flottement lors desquelles on peut tout perdre qui m’embêtent un peu », nous a confié l’entraîneur des Stadistes, perfectionniste même dans la joie. Tout heureux à quelques mètres de là, son président Alain Vallélian tenait d’ailleurs le même discours: « Ces minutes-là, elles me font encore souffrir! ». Les deux hommes les oublieront bien vite, car l’essentiel est ailleurs et il réside en deux mots: la qualification.

A Andrea Binotto de faire durer l’état de grâce, maintenant

Le plus dur, maintenant, sera de calmer tout le monde et Andrea Binotto a du boulot de ce côté-là. Si Stade avait été dominé et malmené, s’arrachant pour se qualifier, on aurait pu parler d’exploit. Mais la maîtrise des Lausannois a été absolument bluffante, de la 1re à la 82e minute et c’est un formidable encouragement pour la suite des événements en 1re ligue et même en Coupe de Suisse. Parce qu’en jouant ainsi, Stade peut aller très loin. C’est à Andrea Binotto et à son staff de faire en sorte que cet état de grâce perdure: parce que tant que le SLO jouera comme ça, il sera inarrêtable.

La victoire d’un club, qui ne sort pas de nulle part

Et on a envie de dire que ce succès-là vient de loin, de l’intelligence et de la gestion d’un club qui privilégie le long terme au court terme. Oui, il y a de la qualité dans ce groupe et des joueurs formidables. Mais surtout, ce collectif a eu le temps de se construire, de se connaître, tout en évitant de tomber dans le confort, qu’Andrea Binotto redoute par dessus tout. Après cette victoire face à Wil, il faut tout simplement dire bravo à tout le monde: au comité, au staff technique et aux joueurs. Cette victoire-là est le fruit d’une osmose parfaite et d’un club qui est un exemple à suivre pour beaucoup d’autres. Bravo messieurs.

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