Stéphane Porzi, président rassembleur

Stéphane Porzi est un président heureux. La première équipe du FC Amical Saint-Prex est l’excellente surprise du premier tour. Promue de 4e ligue l’an dernier au terme d’une très belle saison, l’équipe de Mario Astolfi propose un jeu séduisant, tourné vers l’avant. Le point à améliorer? La discipline et l’état d’esprit, deux points qui tiennent à coeur au président et à son comité.

Stéphane Porzi a effectué ses juniors à Saint-Prex, avant de jouer avec la I, en 2e ligue. Un petit détour à Italia Morges et retour à Saint-Prex, son club, chez lui. Il le préside aujourd’hui, et n’évite aucune question, que ce soit celle du défraiement des joueurs, des relations avec la Commune de Saint-Prex (dont il est municipal) ou des ambitions du club à moyen terme. Entretien avec un président rassembleur, qui se voit plus en chef de meute qu’en loup solitaire.

Stéphane Porzi, Saint-Prex est leader à la trêve! Le retour en 3e ligue se passe à merveille, non?

Oui, mais le but, c’était surtout de ne pas redescendre! On voulait vraiment éviter ça, je vous promets. Etre relégué l’année du 100e anniversaire, cela avait été un tel traumatisme, et je n’exagère pas, qu’on ne s’imaginait pas le revivre. Ca m’avait rendu malade à l’époque.

On pensait commencer cet entretien de manière plutôt positive…

On va y arriver (sourire). Là, ça va mieux. 2013 a été une belle année, on est remontés, et tout nous a réussi pour l’instant.

2012, année à oublier, alors?

Du point de vue sportif, bien sûr. On assume les erreurs et on sait lesquelles on a fait. Nous, le comité, nous n’avons pas été assez proches de l’équipe. On l’a un peu trop laissé se gérer, et cela a été une erreur, ponctuée par la relégation. Mais hors du terrain, 2012 restera une année fantastique. Pour notre 100e anniversaire organisé de main de maître par le vice-président Bernard Brodard nous avons accueilli Sion-Lausanne, ce n’est pas rien.

Avec le premier match de Gennaro Gattuso en Suisse!

Oui! Une surprise totale, et un grand souvenir. Il y avait plus de 1500 personnes au match. Et le repas de soutien 2012 a été énorme aussi. 650 convives!

Record du club?

Je crois, oui. Bon, on a toujours eu de jolis repas de soutien ici. Mais 650, c’est un joli nombre, non?

Plutôt, oui! Bon, revenons au sportif. Vous êtes leaders à la trêve, avec quelques points d’avance. Vous commencez gentiment à penser aux finales, non?

Non, pas vraiment. C’est un peu la surprise, personne ne nous attendait là, donc ce n’est pas de la fausse modestie de dire qu’on ne pense pas être encore tout en haut en juin. Et en fait, on n’est même pas leader, si je peux vous contredire un tout petit peu. Si Iliria Payerne gagne ses trois matches en retard, ils seront devant nous.

C’est vrai. Bon, les finales sont quand même dans le viseur, non?

Ce que j’aimerais voir, c’est un comportement exemplaire. J’aimerais voir du beau jeu, comme au premier tour et comme l’an dernier. Une équipe qui attaque. Mais on doit améliorer notre état d’esprit. On prend trop de cartons pour réclamation, et on peut rater la promotion ou les finales pour ça. Je n’ai pas été content de ce point précis au premier tour, et j’en ai parlé avec notre entraîneur, Mario Astolfi. On ne doit pas laisser gâcher le super boulot qu’il fait par ce genre de choses. Parce que sur le terrain, on est très satisfaits.

C’est vrai que votre équipe gagne, et avec la manière!

Oui, on joue vraiment bien au ballon. Il y a de très belles phases de jeu, et c’est bien sûr à notre entraîneur qu’on le doit, en grande partie, mais aussi parce que nous avons de très bons joueurs.

Allez-vous changer un peu l’effectif avant ce deuxième tour?

Il y aura deux ou trois arrivées, mais pas de départ. En tout cas à ma connaissance pour l’instant (sourire). Nous avons deux joueurs qui vont être absents, Nicholas Mansson et Norris Henriod, mais ils ne quitteront pas le club.

Quelle est votre ambition, à moyen terme, ici à Saint-Prex?

L’idée, à terme, c’est d’avoir une bonne 3e ligue, qui joue les premiers rôles, ou pourquoi pas une 2e ligue. Et on va sans doute créer une troisième équipe. Aujourd’hui, nous avons un contingent de 25 joueurs pour la I, et autant pour la II. Et avec tous les juniors qui vont sortir, on pense que la création d’une troisième équipe est inéluctable. Et l’an prochain, on va créer une équipe de A, aussi.

Saint-Prex fonctionne de manière autonome pour les juniors?

Oui, mais nous avons une entente avec Etoy. Au total, cela représente 230 juniors.

Ah oui, quand même! Il faut un comité d’attaque pour gérer un club comme ça, non?

Oui, mais on a la chance de l’avoir. Il existe un vrai esprit de camaraderie dans ce comité et pour la plupart, nous sommes amis dans la vie. Nous sommes 11, dont deux dames. Nous n’avons pas de souci de trésorerie, un comité dynamique.

C’est important, d’avoir des dames au comité? On imagine que oui, si vous le précisez…

Bien sûr! Elles pensent à des choses auxquelles on ne pense pas forcément, elles apportent une autre sensibilité. Plus globalement, c’est une très bonne chose d’avoir un comité élargi. J’en suis un fervent défenseur. Et on s’entend très bien. Au mois de janvier, Marc-Olivier Bersier, responsable technique, et son équipe ont organisé un camp pour nos juniors. 132 sont partis un week-end à Leysin. Et nous étions cinq du comité à y aller. Je ne suis pas sûr que ce soit le cas partout.

Vous nous arrêtez si on se trompe, mais on a l’impression que vous n’êtes pas un président autocratique. On vous sent plus proche du président rassembleur…

C’est exactement ça. C’est mon caractère, voilà. J’aime rapprocher les compétences, les décisions sont prises en toute démocratie, et, surtout, ne pas tout ramener à moi. Et comme vous l’avez remarqué, je n’aime pas les photos (sourire).

Vous êtes municipal, ici à Saint-Prex, en plus d’être le président. Vous êtes une personne qui compte! Est-ce que vous avez été élu grâce au football?

On ne peut pas calculer comme ça. Etre président du club, cela m’a apporté beaucoup dans les relations, c’est sûr. D’une certaine manière, si j’ai été élu municipal à Saint-Prex, c’est sans doute un peu grâce au foot, oui. Mais c’est un tout: j’ai toujours été actif dans les sociétés locales, et cela, les gens le voient bien. C’est naturel chez moi de m’impliquer pour mon village.

On imagine qu’être municipal et président du club, cela aide pour les bonnes relations entre le foot et la commune, non?

Pas plus que ça. On a de la chance, à Saint-Prex, de pouvoir aider un peu tout le monde. La Municipalité fait des efforts, non seulement pour le foot, mais aussi pour la gym, et pour toutes les sociétés locales. On ne peut vraiment pas se plaindre. Franchement, il y a beaucoup de choses qui fonctionnent bien ici. Je parle comme municipal et comme président (rires)!

Vous avez également la chance que Saint-Prex soit une commune riche…

Oui, bien gérée et dynamique. Par rapport à d’autres communes, nous avons une marge de manœuvre plus importante. Le foot, comme toutes les sociétés locales, profite de cette richesse et de cette bonne entente. On ne loue pas les terrains, les infrastructures sont mises à disposition gratuitement et de nouvelles vont arriver, si tout va bien…

Lesquelles?

Un projet de centre sportif du côté de Marcy avec deux terrains éclairés dont un synthétique et une buvette, des vestiaires et tous les locaux pour la pratique du sport. Ce projet est proche des écoles et pourra être utilisé par les élèves. En outre, un local indépendant sera mis à disposition de la Cabane des Jeunes. Le but est de créer un lieu de vie pour les jeunes avec la cabane, une buvette ouverte régulièrement, un mini-pitch ainsi qu’une place de jeux pour les enfants. Par la suite, d’autres activités sportives pourront être envisagées sur cette parcelle. Un préavis sera déposé devant le conseil communal le 12 mars prochain, et on espère que les travaux débutent en juin, si tout va bien.

Vous pourriez quitter le Terrain du Vieux-Moulin?

Ce n’est pas l’idée dans l’immédiat. Nous aimerions rester ici pour les matches du dimanche après-midi, dans l’idéal. On a le temps d’y penser. Il faut déjà que le Conseil accepte le préavis. Dans un premier temps, tous les entraînements et matchs en noctures seront regroupés à Marcy et le week-end au Vieux-Moulin.

Une particularité de votre saison 2013-2014, c’est que vous ne jouez pas dans le groupe de la Côte, le 1, mais que vous êtes dans le 4, face à des équipes comme Iliria Payerne, Haute-Broye… Un choix de votre part ou une délocalisation forcée?

Nous avons demandé à changer de groupe, c’est vrai. Nos supporters n’ont pas compris, dans un premier temps. C’est vrai qu’on perdait la possibilité d’avoir des derbys contre Aubonne, par exemple. Mais on avait envie de voir autre chose, de changer d’atmosphère.

Après un tour, êtes-vous toujours aussi satisfait de ce choix?

Oui, nous sommes convaincus d’avoir pris la bonne décision. On rencontre d’autres équipes, on sympathise avec d’autres présidents. En fait, je vais vous dire: on aime la mentalité du Gros-de-Vaud et de la Broye. Si c’était à refaire, on le referait.

Est-ce qu’il y avait une arrière-pensée sportive là-derrière? Ce vieux fantasme des équipes du bord du lac Léman qui pensent qu’on ne sait pas jouer au football dans l’arrière-pays…

Peut-être que certains ont pu le penser un tout petit peu au début (sourire). Mais après un tour, on peut affirmer qu’ils se sont trompés! Le groupe 4 est très fort. Iliria Payerne, Venoge, Bottens, Savigny, Epalinges, Haute-Broye… Et Jorat-Mézières, qui était en 2e ligue il y a quelques mois! Je pourrais tous les citer et je peux vous confirmer que ce groupe est tout aussi fort, voire plus, que les autres.

On verra en finales si ce que vous dites est vrai… Avec Saint-Prex?

De nouveau, j’espère. Mais on ne va pas en faire une maladie! L’objectif qu’on s’est fixés depuis le début, c’est le maintien. C’est tout.

Saint-Prex a toujours eu une aura particulière, non? Que ce soit en 3e ou en 4e ligue, on a une image du club comme étant un club historique, avec de l’engouement. On est à côté de la plaque?

Il y a toujours eu un état d’esprit assez fort ici, une vraie identité, certainement la marque de fabrique de la famille Chapuisat. Saint-Prex a été en 2e ligue longtemps, du temps où celle-ci était supra-régionale. Je me souviens de gros chocs contre Forward, Malley, Aigle ou Pully. Nous sommes la deuxième commune en nombre d’habitants du district, quand même.

Comment expliquer la réussite de votre repas de soutien? 650 personnes à ce niveau, c’est énorme!

On ne va pas s’attribuer tous les mérites quand même (sourire)! Roger Burri et Georges Morand, deux figures historiques du club, ont aidé ce repas à se développer. Petit à petit, c’est devenu une sorte de rendez-vous des chauffagistes, comme à Bavois (rires)! Et il y a eu l’effet Philippe Guignard, il faut le souligner. On a un repas haut de gamme, concocté par un vrai chef. Lors du 100e, il a servi 650 personnes en 20 minutes, tout était chaud. Une vraie performance, mais c’est habituel chez lui, on n’y prête même plus garde! Et on fait attention à l’accueil, aussi. On met des tables rondes, c’est plus convivial. Quand on a repris l’organisation, avec l’ancien président Régis Delessert, il y avait environ 350 à 400 personnes au repas. Aujourd’hui, la taille de croisière, c’est 500. Avec un pic à 650 en 2012, comme on l’a déjà dit.

Allez, on va parler d’un point qui fâche. Quand on parle avec les entraîneurs ou les présidents du groupe 4 de 3e ligue, ils nous disent tous: « Saint-Prex, c’est un club qui se donne les moyens ». Ca veut dire quoi?

Ah, le fameux thème qui fâche (sourire), il n’y a rien qui fâche! Nous avons quatre joueurs que l’on rémunère pour leurs déplacements. Dans certains clubs, c’est l’entraîneur qui est beaucoup plus défrayé et qui est chargé de faire venir des joueurs. Nous nous avons préféré que le comité décide combien et à qui il donne quelque chose pour que l’entraîneur soit libre de sa composition d’équipe.

C’est vous qui avez pris cette décision?

Le comité a accédé à une demande des joueurs, pour tout vous dire. Je vous le dis comme je le pense: on s’en passerait bien. Mais des joueurs de l’équipe sont venus vers nous en nous disant qu’ils aimeraient que le club ait un peu d’ambition, que l’on ne se contente pas de se laisser couler sans réaction. Ils nous ont dit qu’ils connaissaient des joueurs qui seraient prêts à venir contre un petit quelque chose. Nous sommes entrés en matière. Ces joueurs viennent de l’extérieur, on leur donne quelques centaines de francs pour leurs déplacements. Sans cela, ils ne seraient pas chez nous, mais en 2e ligue peut-être. Un joueur comme Marco Cardello, vous pensez qu’aucune équipe de 2e ligue n’aimerait l’avoir? C’est un très bon joueur, quelqu’un de très doué, et on est content de l’avoir chez nous. Et pour répondre complètement à votre question, il y a une caisse d’équipe pour les joueurs. Mais tous paient leurs cotisations. Même ceux qui sont défrayés pour les kilomètres.

C’était le prix à payer pour ne pas redescendre?

D’une certaine manière, peut-être. Après, franchement, pour un membre du comité ou même pour moi comme président, qu’est-ce que ça change qu’on soit en 3e ligue ou en 4e ligue? Il y aura plus de monde au bord du terrain ou moins de convives au repas de soutien?

Oui.

Non. Cela ne change rien. Là, on est contents, on vient au stade le week-end, il y a de beaux matches, l’équipe joue bien au football. D’autres clubs n’ont peut-être pas besoin de payer quelques francs pour attirer de bons joueurs. Tant mieux pour eux, je ne les jalouse pas. Bref, nous, on a quatre joueurs qui sont défrayés. Et je le répète, cette démarche n’a pas été initiée par un comité mégalo, mais par des joueurs inquiets.

Vous sentez-vous plus comme un club de la région lausannoise ou de la Côte? Et qui sont vos clubs « amis »?

Nous sommes clairement un club de La Côte! Nous avons de bons contacts avec Forward Morges. Personnellement, j’apprécie Sébastien Boillat, un ancien junior de Saint-Prex. Nous avons également des affinités avec Gland, Pied du Jura, Bursins-Rolle-Perroy et Lonay, tous ces clubs ont des présidents que j’apprécie tout particulièrement, mais surtout le FC Etoy avec qui nous collaborons au niveau juniors depuis de nombreuses années et depuis 3 ans aussi avec les actifs. Mais si je devais partir un jour de Saint-Prex, ce serait pour aller à Echichens.

Ah! Et pourquoi ça?

C’est un club que j’ai toujours apprécié et admiré. Leur état d’esprit, leurs valeurs, leur côté familial… J’aime bien ce club. Mais j’ai bien dit: « Si je devais partir de Saint-Prex »…

Et ça…

Ce n’est tout simplement pas possible!

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