Thierrens avait la maîtrise du jeu, Payerne avait Tanfoltchan Ouattara

Le football est un sport merveilleux. Comment expliquer que deux équipes présentent un visage si différent après une pause de seulement quinze minutes? Impossible à dire et c’est ce qui fait le charme de ce sport incroyable. Le FC Thierrens a été si impressionnant en première mi-temps dans ce derby de la Broye qu’on ne comprend encore pas comment les hommes de Patrick Müller ont fait pour ne pas mener d’une, de deux, voire de trois longueurs à la pause. Et quand ils ont fini par marquer ce 1-0 tellement mérité, ils ont reculé et laissé l’initiative du jeu à des Payernois proches du gouffre. Dès lors, le Stade Payerne a pris le dessus, dominant intégralement la dernière demi-heure, égalisant et passant même tout près de la victoire. Un homme a symbolisé ce renouveau: Tanfoltchan Ouattara. C’est bien simple: il s’est créé toutes les occasions des visiteurs et a fini par en réduire une, d’un coup de tête bien placé. Au final, un match nul un peu frustrant pour Thierrens, qui avait le match en main.

Un FCT absolument brillant en première période

C’était donc jour de derby au Grand-Marais où le FCT, deuxième au coup d’envoi, accueillait le néo-promu. Initialement prévu à Payerne, ce match a été inversé en raison de la tenue d’AIR 14, le fameux meeting aérien, mais Thierrens ne s’est pas montré un hôte très accueillant en première période. Quelle intensité et quelle qualité de jeu chez les hommes de Patrick Müller! Quasiment au complet, le FCT s’est montré très impressionnant pendant les 45 premières minutes, faisant très bien circuler le ballon et trouvant ses joueurs offensifs à de nombreuses reprises. Nelson Longo, seul en pointe, a imposé sa puissance physique et fait énormément de place pour Eddison Pineda, Jérôme Ruch et Thibaud Chevalley, semant la panique dans une défense payernoise aux abois. Pardon, mais quelle démonstration!

Il n’a manqué qu’une chose, tout le monde l’aura compris en voyant le score à la pause: un but. Et c’est même Payerne, par Tanfoltchan Ouattara, qui passera tout près du 0-1, sur une reprise très vicieuse qui a bien failli tromper Valentin Piot (44e). Sinon? Un siège complet des buts d’Arnaud Rapin. La moitié de terrain thierranaise? Un territoire lointain, que le Stade Payerne n’avait manifestement pas la possibilité d’aller explorer.

Mais le FCT, s’il a eu d’innombrables situations chaudes, n’a pas eu à proprement parler d’occasion gigantesque. Des frappes? Oui, tout plein. Des possibilités? Enormément. Mais « la » vraie grosse occasion, seul face à Arnaud Rapin, celle-là n’est jamais venue. Tout simplement parce que Payerne, à défaut d’avoir le ballon, était au moins solide défensivement. L’essentiel était là, quelque part entre laisser passer la tempête et subir comme on pouvait, du côté de la défense des visiteurs. Cédric Mora a décidé de ne rien changer à la pause, mais de placer ses joueurs devant leurs responsabilités, sachant qu’ils étaient capables de bien mieux. Cela s’est confirmé dès le retour des vestiaires.

Jonathan Roder est passé tout près de l’expulsion

Le Stade Payerne s’est ainsi rappelé qu’il avait des qualités et a joué plus haut, bien plus haut, commençant à revenir dans la partie. Le premier tournant du match? Il est survenu à la 57e, lorsque Jonathan Roder commettait une faute indiscutable à mi-terrain. Déjà averti, il savait que l’expulsion était proche, mais a été soulagé de voir M. Jankovic lui signifier qu’il s’agissait de sa dernière chance. Les « ultras » payernois criaient leur colère depuis derrière la barrière, mais cela ne changeait évidemment rien à la décision du toujours parfait Dejan Jankovic. Aurait-il dû expulser Roder? Il aurait pu le faire, nuance. Disons-le ainsi: s’il avait sorti un deuxième avertissement, cela n’aurait pas été un scandale, mais ne pas le sortir n’en est pas un non plus. Il s’agissait d’une faute à mi-terrain, réelle mais pas méchante, d’anti-jeu mais pas de violence. Bref, il n’y a ni bonne ni mauvaise décision dans ce contexte, simplement une décision souveraine de l’arbitre.

Les supporters payernois étaient encore en train de râler lorsque Samuel Amomah venait percuter Thibaud Chevalley dans la surface de réparation. M. Jankovic n’hésitait pas un seul instant pour désigner le point de penalty. Re-colère des supporters.

Non, Arnaud Rapin ne savait pas où Fabien Aymon allait tirer

Fabien Aymon, qui venait d’entrer, n’a pas hésité une seconde, même si Arnaud Rapin a cherché à le déstabiliser. « Je sais où tu tires », a tenté le gardien payernois. Le résultat? Le Valaisan a pris l’ancien gardien de Team Vaud a contrepied et n’a pas hésité à le chambrer en retour après avoir marqué: « Alors pourquoi tu n’as pas plongé du bon côté? ». De bonne guerre dans un derby et rien de bien grave. Mais là, sincèrement, après ce 1-0, personne ne voyait comment le Stade Payerne pouvait revenir dans cette partie. Et pourtant, petit à petit, le FCT a reculé et Nathanaël Vorlet et ses coéquipiers en ont profité.

Ouattara égalise à la 80e. Deux fois.

Dès lors, Tanfoltchan Ouattara commençait à toucher des ballons et à faire parler sa vitesse et sa technique. Et quand le petit attaquant accélère balle au pied, il y a le feu dans la maison! Le FCT, qui s’était dit pendant 60 minutes que ce Ouattara n’était pas le phénomène annoncé, a fini par comprendre l’ampleur du problème. Valentin Piot a sorti une belle volée de l’attaquant payernois (72e, arrêt-miracle), avant que celui-ci ne parvienne à égaliser à la 80e, d’un coup de tête bien placé sur un corner d’Hugo Ferreira. Le ballon a tapé le poteau, est passé derrière la ligne avant de revenir en jeu… sur Ouattara lui-même, qui le remettait dedans par mesure de sécurité. Deux fois valent mieux qu’une et 1-1, donc, au tout nouveau tableau d’affichage du Marais, qui doit sans aucun problème être le plus haut du canton de Vaud.

Jérôme Ruch a eu l’occasion du 2-1 à la 89e

Payerne, dès lors, allait presser pour venir chercher la victoire, mais est passé tout près de tout perdre en contre. Un bon centre de Chevalley était repris de la tête par Jérôme Ruch, lancé en pleine course. La frappe était cadrée, mais Arnaud Rapin se trouvait sur la trajectoire et sauvait les siens d’un arrêt-réflexe parfait (89e). 1-1, score final, un point partout, et des regrets surtout du côté de Thierrens. Mais vu la dernière demi-heure, le FCT peut également s’estimer heureux de s’en sortir avec un point. Tout est question de point de vue en football. C’est aussi pour cela qu’il s’agit d’un sport magnifique, non?

Ils ont dit à footvaud.ch

Patrick Müller, entraîneur de Thierrens

On méritait de gagner aujourd’hui, j’ai d’énormes regrets. On perd deux points, c’est ce que je n’ai pas arrêté de penser depuis leur égalisation. Alors oui, globalement c’est bien, on reste tout en haut du classement, on est invaincus à la maison. D’accord, c’est bien joli. Mais on doit tuer le match en première période, mener 3-0 et bonne soirée tout le monde. La sortie de Jonathan Roder? Il y a deux raisons. D’abord, je voulais amener Fabien Aymon dans le jeu, pour qu’on soit plus offensifs. Et la deuxième raison, c’est que Johnny n’aurait pas fini le match. Il venait de frôler l’expulsion et, vu son tempérament et son jeu, j’ai préféré le sortir. C’est un joueur qui donne tout et il aurait très bien se faire expulser à la 55e sans que je puisse vous dire que cela aurait été un scandale. Après, ce que je m’explique pas, c’est pourquoi on a reculé comme ça après le 1-0… Peut-être qu’on pensait avoir match gagné, je ne sais pas. Je suis déçu, très déçu.

Tanfoltchan Ouattara, attaquant du Stade Payerne

C’était la quatrième du match, il fallait bien qu’elle finisse par entrer! J’en avais besoin aussi, sur un plan plus personnel, parce que je n’avais pas encore marqué en championnat cette saison, donc ça fait du bien. Si elle est entrée sur le coup de tête, déjà? Oui, je pense, mais j’ai préféré assurer en la mettant au fond une deuxième fois! On ne sait jamais, des fois que l’arbitre-assistant ne l’avait pas bien vu, je ne me voyais pas faire le malin alors que le but n’avait pas été validé (rires)! Bon, voilà, c’est bien, on vient chercher un point à Thierrens, mais ça a été très compliqué en première mi-temps, ça c’est clair. Ils nous ont marché dessus, c’est tout. On est arrivé là, en levant le pied, en se disant qu’on pourrait jouer au foot facilement. Mais en face, c’est Thierrens, le pied, ils ne l’enlèvent pas, ils le mettent! On sait que c’est compliqué ici, mais en première mi-temps, on l’a oublié. A la pause, le coach a gueulé, ça nous a réveillé et on a commencé à exister dans les duels. Au final, je pense que le match nul est juste, on a montré de belles choses en deuxième mi-temps. Le système à un attaquant? Je fais tout ce qu’on me dit, pas de soucis. Après, c’est sûr que l’an dernier, c’était plus facile pour moi, avec Ahmet Sefa, en 2e ligue. On formait un bon duo, je pouvais prendre la profondeur pendant que lui décrochait. Là, seul devant, je dois remplir plusieurs rôles. Non seulement je dois être percutant, mais je dois aussi servir de pivot, remiser pour jouer derrière… C’est moins mon jeu, mais je m’adapte, vous ne m’entendrez jamais me plaindre, c’est pour l’équipe.

Cédric Mora, entraîneur du Stade Payerne

En première mi-temps? Vous l’avez vu comme moi, on n’a pas montré grand-chose. En fait, c’est un peu un mal récurrent chez nous cette saison: on attend d’être menés au score pour réagir. Ce n’est vraiment pas un phénomène nouveau. Tanfol a dit que j’avais haussé la voix à la mi-temps? Disons que je les ai poussés, oui. J’avais poussé une gueulée contre Colombier, mais là, ça ne servait à rien de crier, il fallait juste leur faire comprendre que si on ne mettait pas un peu d’agressivité, ça ne servait à rien de revenir sur le terrain. S’il y avait 2-0 pour eux à la mi-temps, c’était logique. On voit qu’ils se connaissent depuis quatre ans, c’est fluide, ils jouent bien au foot. Nous, on construit. Je pense que le Stade Payerne sera redoutable dans deux ans, quand ce groupe aura grandi ensemble. Là, on est jeunes, on progresse collectivement. Sur le match d’aujourd’hui, on peut dire qu’on s’en sort bien avec un point, oui. Je pense que c’est juste de dire ça. Mais on n’avance pas trop vite malheureusement, avec une victoire et trois nuls en cinq journées… La tactique? Pour l’instant, on a joué en 4-2-3-1, mais il y a peut-être d’autres options à étudier, en fonction du profil des joueurs. On verra ça. Mais ce qui est sûr, c’est qu’on a du boulot. L’an dernier, le Stade Payerne s’est baronné en 2e ligue vaudoise. Mais la 2e ligue inter et son groupe 2, c’est autre chose.

Les hommes du match

Thibaud Chevalley a été excellent et cela devient une habitude pour le FC Thierrens. Il aurait pu ouvrir la marque en première période et il a fait d’énormes différences sur son côté droit. Il percute, il dribble, il frappe. Et en plus, il défend. Un joueur vraiment complet, qui fait partie des meilleurs de 2e ligue inter et qui possède toutes les qualités d’un très bon joueur de couloir. En charnière centrale, Steve Dubey a, lui aussi, été parfait. De toute façon, c’est clair: une défense dont il est le patron est une bonne défense. Il anticipe tout, voit tout et comprend tout avant tout le monde. Il est impressionnant car il parvient à s’imposer dans les duels sans avoir une carrure physique imposante, mais il compense par l’intelligence. Il y en a bien assez qui font le contraire dans le football… Très fort.

A Payerne, gros match de Sylvain Renevey au milieu de terrain. Il a beaucoup couru, s’est bien placé et a intercepté énormément de ballons. Il est très discret, mais indispensable. Sinon? Arnaud Rapin a sauvé un point en fin de match sur la tête de Jérôme Ruch et n’a été battu que sur penalty. Enfin, on a déjà tout dit sur Tanfoltchan Ouattara, mais il mérite de voir son nom une dernière fois dans cette rubrique.

Les prochains rendez-vous

Thierrens accueille le FC Béroche-Gorgier, samedi 13 septembre, à 19h. Le même jour, mais à 16h30, Payerne fera le joli déplacement de Lyss.

FC Thierrens – Stade Payerne 1-1 (0-0)

Buts: 59e Aymon, pen. 1-0; 80e Ouattara 1-1.

Arbitres: M. Jankovic, assisté de M. Soares et de M. Namoni.

Thierrens: Piot; Braun, Burdet, Dubey, Freymond; Roder (57e Aymon), Pasche (74e Gobet); Chevalley, Pineda, Ruch; Longo.

Entraîneur: Patrick Müller.

Payerne: A. Rapin; Bersier, Vorlet, Amomah, Carrel (46e Loup); Renevey, Burla (57e Ganic); G. Pelle, Hoti (76e Hugo Ferreira), Diarra; Ouattara.

Entraîneur: Cédric Mora.

Le Grand-Marais, 227 spectateurs.

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