Thierry Martin, le buteur qui n'en était pas vraiment un

À 28 ans, il fait les beaux jours du club phare et seul représentant de sa région en 2e ligue: le FC Assens. Avec sept buts à son actif cette saison, dont certains valant de l’or, l’ailier droit a su se découvrir des talents de buteur insoupçonnés. Lui? Thierry Martin, évidemment! Après un passage au Lausanne-Sport durant ses années de juniors, l’habitant de Froideville est revenu fouler les pelouses de son Gros-de-Vaud, du côté d’Echallens, d’abord, en 1re ligue notamment, avant de poser ses valises un échelon en-dessous et trois kilomètres plus au sud, au FCA, dans le club qui est encore le sien aujourd’hui.
De ses premières amours à diriger le jeu au milieu du terrain à son poste d’ailier droit, tendance buteur, Thierry Martin a su adapter l’offre à la demande, son jeu aux besoins des clubs desquels il a fièrement porté le maillot. Portrait d’un footballeur accompli, d’un sportif passionné et d’un homme qui sait où il va.

«Je n’ai jamais été un buteur»

Sept réussites, donc, qui, au moment de faire les comptes, ont rapporté au bas mot cinq des dix-septs points engrangés par le FCA (6e du groupe 2) jusqu’ici. Pourtant, mis à part les chiffres, rien ne semble faire de Thierry Martin le buteur qu’il est aujourd’hui: «Plus jeune, j’adorais avoir la balle dans les pieds, distribuer le jeu, ce qui me valait une place au centre du terrain. Puis, comme on s’est rendu compte que je courrais assez vite, on m’a placé sur une aile. Peut-être aussi parce qu’il n’y avait pas forcément énormément de joueurs offensifs où j’ai joué. Et c’est encore ma place à l’heure actuelle. Personne ne m’a dit que mon objectif était de marquer autant. Chaque joueur offensif essaie de faire briller l’autre, c’est comme cela qu’on fonctionne. Mais, en réalité, je n’ai jamais vraiment été un buteur».

Un rôle qu’il ne renie pourtant pas

Pas question, pour autant, d’aller à l’encontre du scoreur providentiel qu’il est devenu: «C’est vrai, j’aimerais bien avoir l’instinct du buteur, devenir le véritable renard des surfaces. Ça ne signifie pas que je souhaite délaisser mon implication actuelle dans l’équipe pour devenir buteur à part entière, loin de là, mais c’est clairement là-dessus que je veux travailler et progresser pour la suite du championnat». Alors, 2015, meilleure saison de sa carrière? «Peut-être, oui. Quoique… difficile à dire. Comme je l’ai dit, marquer des goals n’a jamais véritablement été mon rôle. J’ai réalisé d’autres bonnes saisons avant ça, sans pour autant, faire trembler les filets, mais avec une fonction bien différente». Il est vrai que la statistique de buts marqués étant bien souvent la plus spectaculaire et la plus regardée, le fait de marquer des buts attire immédiatement le feu des projecteurs.

Un caractériel un brin assagi

«Malgré tout, ces dernières saisons avec Assens m’ont permis d’évoluer sur un plan personnel, alors que l’équipe a, elle, relativement peu changé. Depuis trois ans, je me suis assagi, dirons-nous. J’étais vraiment le genre de joueur teigneux à l’époque, il n’y a pas si longtemps, même. J’ai dû faire un gros travail sur moi-même pour me contenir et mettre toute cette énergie à profit d’une manière plus positive. C’est peut-être aussi une explication de ma réussite cette saison».

Un club qui partage sa philosophie

À l’inverse de son numéro 9, le FC Assens reste, lui, sensiblement le même, fidèle à des valeurs commune à son ailier: «Comme je le disais, l’équipe a assez peu changé depuis mon arrivée. On essaie, évidemment, d’intégrer des jeunes dans le groupe, c’est primordial. Ceux-ci sont, d’ailleurs, plutôt bien encadrés. Mais on ne peut pas faire bien plus. Le club ne baigne pas dans l’argent, il est donc toujours compliqué d’être attractif, de faire venir certains joueurs… On s’appuie avant tout sur nos valeurs familiales et solidaires pour avancer, car il n’y a que là-dessus qu’on est sûr de pouvoir compter».

Sportif avant d’être footeux

Pourtant, malgré l’image d’un jeune homme ne jurant que par le ballon rond, qu’on pourrait facilement associer à un joueur de sa trempe, Thierry Martin prend un certain recul par rapport à son sport: «Bien sûr, j’adore le foot, mais moins que ce que l’on pourrait croire. Je suis un peu tout ce qu’il se passe là-dedans, mais je ne suis pas fan au point de me rendre malade si je manque une affiche importante. J’essaie de regarder les choses dans leur globalité, de prendre du recul par rapport à ma situation».

L’entraînement reprend début février

Loin de n’être «que» le buteur prolifique qu’il est à l’heure actuelle, l’homme est avant tout un sportif à proprement parler. Durant la pause hivernale, par exemple, pas question pour lui de se laisser aller: «J’aime me dépenser, c’est la raison pour laquelle je pratique beaucoup de sport qui demandent un effort assez intense, comme le badminton, par exemple. L’entraînement? On reprendra début février. La pause a fait du bien, j’en avais vraiment besoin, mais elle a assez duré. Je me réjouis de pouvoir aller courir sur la neige avec l’équipe, ça va faire un bien fou. Il faut dire que j’ai la ferme intention d’être prêt, je me suis maintenu en forme tout l’hiver, histoire de ne pas trop être à la traîne à la reprise».

Le passage de témoin des présidents parfaitement négocié

Si, nous le disions, le FC Assens n’a pas connu ses années les plus mouvementées récemment, un événement est venu troubler le calme plat du club cet été. Après 20 ans de bons et loyaux services à la présidence, Didier Rigoli avait décidé de céder sa place, aujourd’hui occupée par Nicolas Pollien (lire ici). Un passage de témoin qui, selon Thierry Martin, semble s’être fait sans accroc: «Effectivement, tout s’est fait très naturellement. Didier a laissé le club dans d’excellentes conditions, et comme Nicolas était notre ancien entraîneur, ça a un peu facilité les choses. Personnellement, je m’entends très bien avec, et, visiblement, ça semble être pareil pour toute l’équipe».

«L’envie d’aller voir ailleurs? Elle existe, c’est certain!»

Avec la réussite qui est la sienne actuellement, il serait inconcevable de penser que l’ailier droit n’attire pas les regards de l’extérieur. Ce dernier nous confirme même que c’est le cas: «L’envie d’aller voir ailleurs? Elle existe, c’est certain! Et, sans donner de noms, on m’a déjà abordé quelques fois. Ce n’est pas toutes les semaines, évidemment, mais c’est arrivé. Mais à côté de ça, il y a deux choses: tout d’abord, je le répète, j’aime mon club, ses valeurs, le groupe, les supporters que l’on retrouve à chaque match au bord du terrain, etc… Ce football-là, c’est celui que je prône. Et je préfère largement jouer dans un club comme celui-ci, plutôt que dans un meilleur club qui serait beaucoup plus anonyme. Puis, il y a mon métier qui me prend beaucoup de temps. J’ai changé de job il y a une année et je possède beaucoup plus de responsabilités maintenant. Une caractéristique chez moi, c’est que si je fais quelque chose, je me donne à fond. Pas question d’aller jouer ailleurs si c’est pour ne pas être à 100% en permanence». Le message est clair.

«J’en veux toujours un peu plus»

On ne voulait pas quitter Thierry Martin sans avoir son avis sur la forme actuelle de la première équipe. Pensionnaire de 2e ligue pour la quatrième saison consécutive, Assens truste honorablement le milieu du classement depuis. Une situation qui semble faire l’unanimité parmi les joueurs, sauf… pour le nouveau buteur maison: «Ahhhh, soupire-t-il, amusé. Si je prends l’équipe dans sa globalité, oui, ce classement nous convient, tant qu’on n’a pas à lutter pour le maintien. Après, de mon côté, c’est sûr que j’en veux toujours un peu plus. Cette saison, j’aimerais bien qu’on accroche au moins un top-5. Je suis persuadé qu’on pourrait le faire, même si, derrière, il y a une réalité, qui est qu’on trouve beaucoup d’excellentes équipes dans ce championnat qui seront là pour nous mener la vie dure».
Ce qui est certain, c’est qu’avec l’envie qui semble être la sienne et la réussite qui lui colle aux crampons actuellement, Thierry Martin possède toutes les qualités requises pour briller et faire briller ses couleurs cette saison. Et qu’avec la marge que possède son équipe sur la relégation, celle-ci ne peut que regarder vers le haut. Le mot de la fin lui revient tout naturellement: «Souhaitez-nous simplement que tout se passe au mieux pour l’équipe ce second tour, et, pourquoi pas, que j’en enfile encore quelques-uns!».

Un article rédigé par Florian Vaney

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