Des bords de la Mer de Ligurie, en Italie, aux Rives du Jiu, en Roumanie en passant par Malte, Matteo Fedele (photo) a écumé l’Europe durant une carrière à la fois sinueuse et riche. De retour en Suisse depuis ce été, à Bavois, le Lausannois respire toujours autant le football.
La liste des clubs pour lesquels Matteo Fedele a joué est impressionnante, tout autant que le talent qui habite l’Ecublanais d’origine. Parmi ceux-ci, on peut citer Sion, Grasshoppers, puis, un peu plus loin de chez lui, Carpi, en Italie, sa terre d’origine, le CS Universitatea Craiova, en Roumanie, ou encore le Birkirkara FC, à quelques encablures de La Vallette, capitale de Malte.
L’homme a donc passablement bourlingué depuis ses débuts avec le club sédunois en 2013 jusqu’à l’officialisation son arrivée aux Peupliers durant l’été. Beaucoup. Il reconnaît d’ailleurs lui-même avoir quelque peu la bougeotte: « J’ai toujours été quelqu’un d’un peu aventurier. J’aime la nouveauté, les challenges et j’ai de la peine à me reposer sur mes lauriers. »
L’homme aux crampons de sept lieues
Depuis ses premiers ballons bottés aux Azzurri de Lausanne jusqu’à aujourd’hui, le milieu de terrain a ainsi porté la bagatelle de 17 tuniques, dans 5 pays différents. Un amour des grands espaces qui n’est pas allé sans quelques sacrifices consentis durant les douze dernières années. « J’ai pu compter sur le soutien indéfectible de ma femme, qui a toujours fait en sorte que je puisse poursuivre mon chemin dans le football. Même avec la distance, on se débrouillait toujours pour continuer de se voir régulièrement. Elle a même fini par me suivre, lorsque j’ai signé à Malte. Sans cela, ça aurait été beaucoup plus compliqué pour moi », relève-t-il, reconnaissant.
Ces concessions lui ont permis, chose rare dans la vie d’un footballeur professionnel, de glaner quelques titres nationaux, à l’image de la Coupe de Roumanie remportée en 2021 avec Craoiva ou de la Coupe de Malte, qu’il a gagnée en 2023 avec les Stripes de Birkirkara. Mais l’un de ses plus beaux souvenirs demeure à ce jour son début en Serie A, en 2015, avec Carpi. Ce jour-là, un certain 30 août 2015, il s’en remémore comme si c’était hier: « Lorsqu’on est jeune, en centre de formation, on se lève tous les matins pour avoir la chance de vivre ce genre de moments au cours de notre carrière. Donc jouer en Serie A, avec mes origines italiennes (ndlr: ses deux parents sont italiens) c’était unique, un rêve qui se réalisait. Même si, bien évidemment, remporter des titres est ce qui nous motive, avoir l’opportunité d’évoluer contre des joueurs du calibre de Fredy Guarin, Stevan Jovetic ou Gary Medel est quelque chose qui restera gravé dans ma mémoire. »
« Je n’ai jamais été un phénomène »
Matteo Fedele, même si son itinéraire pourrait donner de lui l’image d’un personnage instable, est un homme droit dans sa tête et qui a gardé les pieds sur terre. Freiné par de nombreuses blessures tout au long de son épopée, forcé à démontrer davantage de résilience que la plupart de ses coéquipiers pour faire sa place au sein d’effectifs dans des pays qu’il ne connaissait pas, le Vaudois reste étonnamment réaliste quant à son parcours. « Je n’ai jamais été l’un des joueurs les plus doués, je n’ai jamais été un phénomène, même chez les jeunes. J’ai toujours dû bosser pour prouver ma valeur et c’est quelque chose qui m’a suivi partout où je suis allé, admet-il. Je pense qu’au vu de mes qualités, je suis allé au maximum de ce que je pouvais donner. Je ne me vois pas plus beau que ce que je suis réellement. Là où les coaches ne m’ont pas fait confiance, c’est que j’avais probablement atteint mes limites », estime-t-il, faisant entre autres référence à son passage mitigé à Valenciennes, alors en Ligue 2, là où il n’avait jamais réellement réussi à s’imposer malgré les espoirs qu’avaient placé en lui les dirigeants nordistes.
Retour aux sources
À 33 ans, il les a fêtés dans le courant du mois de juillet, l’ancien junior du LS, après avoir exploré plusieurs lointaines contrées, a ressenti le besoin de renouer avec ses racines, mû par une heureuse nouvelle qui a bousculé sa vie privée, dans le bon sens du terme: « Je suis devenu papa d’une petite fille il y a un peu plus d’un an. Je me suis dit que c’était enfin le bon moment de me rapprocher de ma famille, de mes amis et de faire mon retour en Suisse. C’était aussi une façon pour moi de rendre la pareille à ma femme après toutes ces années où elle m’a accompagné. »
Son choix s’est donc naturellement porté vers le FC Bavois, où il avait déjà eu l’occasion d’effectuer une préparation estivale il y a deux ans et où il apportera toute son expérience à un groupe qui sort d’un exercice 2024-2025 pas évident et qui se battra à nouveau pour son maintien en Promotion League. « Le contact s’est fait très naturellement. J’avais besoin de retrouver un environnement plus familial et Bavois était ce qui me correspondait le mieux. Mais en plus d’être des personnes géniales sur le plan humain, le président, l’entraîneur, le staff et les joueurs sont tous de très grande qualité, se réjouit le néo-bavoisan. Ils méritent tous que je me batte à fond pour ce nouveau maillot. »
Sur le terrain, samedi à Breitenrain (coup d’envoi à 16h), Matteo Fedele foulera à nouveau la pelouse en match officiel avec un de ses anciens compères à l’académie du Lausanne-Sport, Adrian Alvarez. « C’est un immense plaisir pour moi que de retrouver Adrian. Nous nous étions côtoyés à l’époque lorsqu’il était dans le contingent de la première équipe de Lausanne et que je venais m’entraîner avec eux. Nous avons toujours gardé contact et il a énormément contribué à mon arrivée. Je me réjouis de rejouer à ses côtés. » La suite appartiendra à l’histoire.
Texte: Lucas Panchaud
Photos: Massimo Assuti
