Une lutte indécise pour un titre convoité

Le tenant du titre Julien Jemmely en est à quinze, Albino Bencivenga aussi et Salvatore Barbaro suit avec treize réalisations. La lutte pour le titre de meilleur buteur de 2e ligue (voir le classement complet ici) s’annonce aussi indécise que magnifique. Pourquoi? Parce que ces trois hommes-là tournent à un but de moyenne par match, ou plus, et qu’ils défendront les couleurs de leur club au printemps. Tous trois ont déjà une belle expérience, mais font de ce titre un objectif important, sans en faire évidemment une priorité. Qui sera le Roi des buteurs et recevra son trophée lors de la prochaine Nuit du Football, qui aura lieu cette année à La Sarraz? Donnez votre avis en participant au sondage sur la page d’accueil, à droite.

Julien Jemmely, FC Genolier-Begnins, 26 ans

Il n’a peut-être jamais été aussi fort, même quand il jouait en 1re ligue, à Nyon. Peut-être à Kaiserslautern, et encore, on ne peut pas être sûr, et il n’existe pas d’images pour nous contredire, ou en tous les cas on ne les a pas vues. Le grand avant-centre du FC Genolier-Begnins est ultra-dominant en 2e ligue et a rattrapé le retard pris sur Albino Bencivenga en tout début de saison. Il s’est en effet fait l’auteur  d’une fin de premier tour de feu. Il est même revenu dans les temps de sa saison 2013/2014, lors de laquelle il avait inscrit 31 buts en championnat et reçu le « Vaud d’Or » récompensant le meilleur buteur de 2e ligue, un titre pour lequel il postule évidemment cette année, même s’il ne l’échangerait pas contre une participation aux finales. Nos lecteurs et tous les défenseurs du canton le connaissent maintenant: il est grand, c’est vrai, mais il est aussi et surtout très habile avec ses pieds. tirant notamment les coup-francs à la perfection. Le jeu des Canaris passe par lui, tant il est une cible facile à trouver. Mais encore faut-il conserver les ballons, les redonner et finir les actions, ce qui est bien plus facile à écrire qu’à faire, même quand on mesure deux mètres, ou un mètre et nonante-neuf centimètres. Reste la question que tout le monde se pose, tout le temps: « GB » est-il dépendant de lui? La réponse est oui, bien sûr, même si ce constat est moins vrai aujourd’hui qu’hier. Il a marqué 15 des 32 réussites de son équipe, ce qui prouve qu’une bonne moitié de l’équipe peut désormais se débrouiller sans lui. On exagère? Oui, sans doute, et tout le monde l’avoue sans honte: s’il n’est pas là, tout est différent pour l’instant. Humble et travailleur, il a son caractère sur le terrain, n’hésitant jamais à recadrer un partenaire qui ne lui donnerait pas le ballon assez bien. Tous ses accès d’humeur sont vite oubliés lors de la bière d’après-match, où là aussi, « JJ » incarne à merveille les valeurs de fraternité du football amateur. En fait on peine à trouver meilleur ambassadeur du canton de Vaud que lui: intransigeant et excellent sur le terrain, où il donne tout, et sympathique et ouvert à la buvette, où il donne aussi tout. Les cornes de wapiti, son geste habituel quand il marque, n’ont pas fini de se faire remarquer du côté de Genolier, c’est une certitude.

Albino Bencivenga, FC Champvent, 36 ans

Ependes, le 27 août 2014, Ependes-Champvent. © Muriel Antille

Bien sûr, il va moins vite qu’avant. Evidemment, il n’est plus ce jeune attaquant qui a marqué, une fois, en LNA avec Yverdon Sport, il y a… 15 ans! Ce serait faire injure à son immense carrière de dire que le Bencivenga d’aujourd’hui est le même que celui d’hier, celui qui marquait 12 buts en une saison de LNB à ses débuts, alors qu’il n’avait pas 20 ans. Mais qu’est-ce qu’il est fort, encore aujourd’hui… Le refrain est connu: il donne l’impression de ne pas courir, les plus jeunes défenseurs se disent après 30 minutes lors desquelles il n’a pas touché un ballon qu’ils vont passer une soirée tranquille… et, trois minutes après, il a marqué deux fois. Il est le roi du démarquage, l’as du contrepied, le cador du « un contre un ». Face au but, il a toujours le geste juste, que ce soit du droit ou du gauche. En un mot? Il est exceptionnel. Ce qui impressionne le plus chez lui? Il peut inventer un but venu de nulle part, d’une inspiration, d’un lob de 40 mètres sur son mauvais pied, d’une frappe en se retournant. Si l’on devait donner un conseil aux jeunes défenseurs vaudois, ce serait de ne jamais le lâcher d’un centimètre, mais le problème, c’est justement qu’il fait tout pour qu’on l’oublie. L’action est à droite? Il peut se promener à gauche, semblant se demander ce qu’il fait là. En général, dix secondes après, il a marqué. Les Chanvannais le connaissent à merveille et ce n’est évidemment pas un hasard s’il a marqué 15 des 24 buts de son équipe durant ce premier tour. Lui aussi a son caractère et lui aussi peut recadrer ses jeunes coéquipiers. Il aime être écouté, c’est sûr, et il est de toute façon tellement fort qu’il est respecté naturellement. Ce joueur-là, avec sa carrière, son parcours, aurait pu avoir le « courgeon » lorsqu’il est venu en 2e ligue pour des raisons professionnelles. Le fait qu’il soit aussi humble, aussi à l’écoute et accessible pour tous, l’a sans doute aidé à s’imposer sur le long terme et à devenir, déjà, une légende du FC Champvent. Chaque année, on entend la même chose: il serait « moins fort », « plus aussi décisif », « fatigué »… et chaque année, il en met 30 dans les cages des gardiens qui se présentent face à lui. Cette année encore, au sein d’un FC Champvent relégable à Noël, il tient le rythme. Et on prend le pari qu’il le tiendra jusqu’au bout.

Salvatore Barbaro, FC Aigle, 23 ans

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Même lorsqu’il fait mine de nettoyer les chaussures de ses copains, « Toti » Barbaro pense au prochain but que le FC Aigle va marquer, en espérant que cette fois, ce soient ses pieds à lui qui en soient l’auteur. L’Aiglon est un joueur et un homme mystérieux, insaisissable dans la vie comme sur le terrain. Dire qu’il est doué n’est pas assez fort: il est ultra-talentueux et il sait tout faire. On l’a vu marquer de 40 mètres, on l’a vu dribbler trois joueurs dans deux mètres carrés et on l’a vu humilier des gardiens en les lobant d’une petite balle piquée, frappée comme s’il n’avait pas fait exprès et qu’il passait juste dans le coin. Son talent est insolent et il est le joueur de 2e ligue le plus spectaculaire aujourd’hui. Roulettes, râteaux, semelles: sa technique est parfaite et son sens du but est réel. Il devrait marquer 40 buts par saison et on n’exagère pas un seul instant, mais le problème, c’est qu’il est tellement polyvalent qu’il peut jouer seul devant, mais aussi milieu récupérateur, en 10 ou sur un côté. Aigle a des attaquants très forts et très efficaces, comme Michaël Mbo et Blerton Nuredini. Alors, il peut jouer ailleurs, où son père Maurizio la saison dernière et Metin Karagülle cette année le lui demandent. Il bouge beaucoup, il n’est pas tout le temps en pointe comme Bencivenga et Jemmely, et, dès lors, peut être amené à se disperser. Reste qu’en talent pur, mon Dieu, quel cador! Il aurait pu avoir une carrière, une vraie, et il a raté le virage lorsqu’il évoluait sous les couleurs du FC Sion M21. Il a vite tourné la page, sans amertume, se concentrant sur le football amateur, d’abord valaisan puis vaudois. S’il avait une équipe qui jouait pour lui, et qu’il avait une détermination à marquer aussi forte que ses deux concurrents, il ne serait pas derrière eux. Il n’a que 23 ans et toutes les qualités pour aller plus haut, mais il est un homme de paroles et il a toujours cru au projet que lui a présenté le FC Aigle, même quand son père a été amené à quitter le poste d’entraîneur à l’été 2014. Il a décidé de rester, pour monter en 2e ligue inter avec le FCA. A Noël, l’objectif est atteint, mais il en veut plus. Pour lui? Ce titre de meilleur buteur de 2e ligue lui ferait plaisir, c’est sûr. A lui d’aller le chercher, en espérant que « JJ » et « Albigol » baissent un peu le rythme…

Les poursuivants les plus proches (tous 8 buts)

Ottman Zirek (LUC-Dorigny) et Aleksandar Ristic (Chavornay) sont deux chasseurs de buts de premier plan pour la 2e ligue. Ils ont une petite chance de revenir, mais il faudra sérieusement augmenter la cadence. Renato Provenzano, le jeune et talentueux milieu de terrain grandsonnois, n’est pas un avant-centre. Il ne se mêlera pas à la lutte finale, de laquelle on n’écartera pas Yannick Favre (Pully). Le capitaine pulliéran n’est pas un buteur, il est beaucoup plus complet, mais il peut dépasser la barre des 20 réalisations sur son seul talent. Blerton Nuredini (Aigle), Michaël Mbo (Aigle) et Carlos Cabacas (Benfica) comptent eux aussi 8 buts, et ont le potentiel pour faire mieux que doubler ce total au deuxième tour. Difficile quand même de les imaginer rattraper le trio de tête et son rythme effrené d’un but par match. Si l’on devait en isoler un et miser une pièce uniquement sur lui? Ottman Zirek, sans doute.

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