Vittorio Bevilacqua n’est plus l’entraîneur d’Yverdon Sport

Et le Vendredi Saint, tout fut consommé entre Yverdon Sport et Vittorio Bevilacqua. C’est ce jour-là, en effet, moins de 24 heures après la gifle infligée par le FC Bavois (6-2, lire ici), que Mario Di Pietrantonio et l’entraîneur d’YS ont convenu que leurs chemins se séparaient. « Cette séparation se fait d’un commun accord », commente le président. Le troisième passage du Tessinois au Stade Municipal s’est donc officiellement terminé sur cette triste note.

« La séparation était inéluctable »

« Vittorio a fait progresser beaucoup de joueurs durant les derniers mois. Il s’est toujours investi à 1000%, il était à fond dans son job d’entraîneur. Sportivement, il n’y a rien à lui reprocher. Mais… » Mario Di Pietrantonio ne finit pas sa phrase. Mais quoi? « Je ne vais pas en dire plus. Je n’ai plus aucun commentaire à faire. J’ai beaucoup d’estime pour Vittorio, je me suis toujours très bien entendu avec lui. Et j’aimerais que ce soit encore le cas. Voilà, j’espère que vous me comprenez. C’est la première fois que je me retrouve dans cette position en tant que président. La séparation était inéluctable. » Le président d’YS ne souhaite pas en dire plus et il a ses raisons. Mario Di Pietrantonio  est un homme pondéré, qui fuit la polémique et les phrases assassines. Un homme de conviction, franc, mais qui ne s’épanchera pas par voie de presse. Ce qu’il avait à dire à son entraîneur, il lui l’a dit à lui seul et, finalement, c’est sans doute mieux ainsi.

Ce que pense Vittorio Bevilacqua de cette séparation? On ne le saura pas, en tout cas dans l’immédiat. Après être parti sans parler à personne sinon à ses joueurs jeudi, il n’a pas souhaité décrocher son téléphone en ce samedi, ce dont personne ne peut évidemment lui faire le reproche. On ne parlera donc pas à sa place, bien sûr, mais il est clair que jeudi, déjà, le Tessinois de 56 ans se doutait qu’il lui serait difficile de continuer.

Un bilan sportif quelque part entre le bon et le très bon

Les vraies raisons de son départ, lequel, on le répète, est officiellement « d’un commun accord »? Tout ce qui n’a pas trait au terrain, bien sûr. Sportivement, le bilan de l’entraîneur d’YS se situe quelque part entre le bon et le très bon. Il laisse une équipe sixième, à deux ou trois points des finales, avec largement la meilleure attaque de 1re ligue. Son style ultra-offensif plaisait au public, qui lui pardonnait tout. En Challenge League, quand tout le monde jouait avec un seul attaquant, il en alignait trois vrais. Et dans cette 1re ligue qui ne jure par le 4-2-3-1, il évoluait constamment avec deux pointes, ce que seul Stade-Lausanne s’autorise également à faire.

Le mot qui le caractérise le mieux? Volcanique

Alors, si le problème ne se situait pas sur le terrain, c’est évidemment en marge de celui-ci qu’il faut trouver les vraies raisons de son départ. Les incidents entre les membres du comité ou de son staff et lui s’additionnaient ces derniers temps, sans même parler de l’entourage « élargi » du club. Le terme qui définit à notre sens le mieux Vittorio Bevilacqua est celui de « volcanique ». On ne sait jamais quand ça explose, mais quand c’est le cas, il vaut mieux ne pas se trouver à côté. Joueurs, supporters, membres du staff, journalistes, parents de joueurs: les éclats n’épargnent personne. Et si lui a oublié l’incident quelques minutes plus tard, ce n’est pas le cas de tout le monde, malheureusement pour son mode de management. « J’aime le bordel, j’y puise de l’énergie », nous a-t-il expliqué il y a une vingtaine de jours par téléphone. « VB » a toujours le mérite de la franchise, mais, à force, son message ne passait plus avec les joueurs. Pas avec tous, car beaucoup l’aiment profondément et savent passer au dessus des vexations et des insultes, mais là, clairement, le Tessinois avait perdu son vestiaire.

Vittorio Bevilacqua ne s’en cache pas: il aime ses joueurs, mais il cherche constamment à les faire réagir. Le problème? Il y a encore quelques années, il les entraînait pendant 90% du temps et il les piquait pendant 10%. Cette proportion était la bonne, car elle le rendait crédible au quotidien. Depuis son retour à Yverdon, le rapport s’est inversé. Il est dans la provocation trop souvent et trop peu dans l’analyse du jeu. La séance d’entraînement du lundi ressemblait trop à un long règlement de compte individuel et collectif et plus assez à du football. A force, comme le dit Mario Di Pietrantonio, la séparation devenait inéluctable.

Quel nouveau défi pour Vittorio Bevilacqua?

Que va faire le Tessinois maintenant? On lui souhaite de retrouver un club à la hauteur de ses compétences footballistiques, qui sont celles de la Super League. On ne l’a jamais caché et on l’assume: on aime beaucoup ce personnage et surtout la vision du football qu’il prône. Mais les places sont chères à ce niveau, comme en Challenge League d’ailleurs et le monde du ballon rond est de plus en plus lisse, de moins en moins propice aux débordements. Ceux-ci pouvaient passer inaperçus il y a encore quelques années. Aujourd’hui? Moins, voire plus du tout. Tout ce qu’on souhaite, c’est de revoir le Tessinois très vite sur un banc de touche, lui qui est un vrai passionné de football, l’un de ces hommes avec lesquels on peut parler d’un joueur de n’importe quelle division et de n’importe quelle partie du pays: il le connaîtra et aura un avis pertinent sur lui. Ce n’est pas le cas de tous les entraîneurs ayant le diplôme UEFA-Pro, mais on n’est pas là pour balancer les autres.

Mario Di Pietrantonio veut un entraîneur-formateur

Reste une question centrale: qui pour lui succéder sur le banc d’YS? Mario Di Pietrantonio assure avoir quelques pistes, mais refuse, c’est logique, de dévoiler leur nom. Le nouvel homme fort sera-t-il sur le banc samedi à Chavannes pour affronter le leader Azzurri? « Sincèrement, je ne sais pas. A l’heure où je vous parle, nous n’avons personne. J’aimerais déjà avoir l’entraîneur de la saison prochaine, mais je ne sais pas si c’est lui qui sera sur le banc samedi. Tout est ouvert. Est-ce qu’on prend un entraîneur pour finir la saison? Ce dont je suis sûr, c’est que celui qui sera notre entraîneur la saison prochaine sera un formateur. C’est le profil que je recherche absolument. On a des super-juniors A qui arrivent et je cherche quelqu’un pour les aider à franchir un palier et les accompagner. »

Qui sera sur le banc à Azzurri samedi? Et la saison prochaine?

Alors? Le nom qui nous vient spontanément en tête est celui d’Alexandre Comisetti, mais rien ne dit que l’ancien joueur d’YS acceptera la mission. On le croise régulièrement lors de son année sabbatique et on ne sent pas un homme désespéré à l’idée de retrouver un banc de touche même si celui d’YS n’est évidemment pas n’importe lequel. Bernard Challandes? Ce serait le grand luxe et là aussi le côté affectif pourrait jouer, mais celui qui vient de démissionner de son poste de sélectionneur de l’Arménie ne viendra pas en 1re ligue, même si on espère se tromper. Jean-Philippe Karlen, qui était très proche d’YS juste avant qu’il ne signe à La Sarraz-Eclépens? Ce serait une idée, mais il ne lâchera pas La Sarraz maintenant. Bernardo Hernandez, alors? Et pourquoi pas? Plus formateur que lui serait compliqué à trouver, et la Côte n’est pas si loin d’Yverdon, même quatre ou cinq fois par semaine. L’ancien entraîneur du Stade Nyonnais a largement le profil.

Autre option, le retour d’un entraîneur qui connaît bien la maison et est actuellement disponible, comme Stéphan Cornu ou Gabet Chapuisat. Ou alors, Mario Di Pietrantonio demande à son ami Serge Duperret de lui libérer John Dragani jusqu’à la fin de la saison? Une autre option serait de promouvoir Hugues Schertenleib, actuellement entraîneur des juniors A, à la tête de la I. Enfin, autre solution interne, confier l’équipe à Sacha Margairaz, lequel a déjà effectué ce genre de mission commando « entraîneur-joueur » à la tête du FC Baulmes. C’était un autre contexte, et Baulmes était en mode « survie » sur et en dehors du terrain. Ou un autre, auquel on n’a pas pensé spontanément ce soir? « Tout est ouvert », répète Mario Di Pietrantonio, qui ne rejettera aucune candidature, même spontanée.

Une chose est sûre: le banc d’YS ne manquera jamais de prétendants plus ou moins crédibles, déclarés ou non.

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