«Yvonand est en phase de renaissance»

Le FC Yvonand a magnifiquement organisé la Nuit du football de l’ACVF le 28 juin dernier. Une journée parfaite, gérée à la perfection par le comité mis sur pied par le FCY. A la tête du club tapa-sabllia, Soprano Marinelli n’a pas manqué l’occasion d’attirer, un peu, les projecteurs sur un club qui ne fait jamais les grands titres.

Soprano Marinelli, on parle enfin du FC Yvonand!

Oui, et ça nous fait plaisir! C’est un peu le but de la démarche, pour tout vous dire.

Quelle démarche?

Organiser la Nuit du football. On a été candidats, parce que 2014 correspond aux 80 ans du club. Pour nous, c’était logique et on a voulu en profiter pour mettre un peu en avant le FC Yvonand. Le but, c’est de célébrer ce club, de le faire connaître, de montrer aux gens que, oui, il y a du football ici.

Pourquoi ce tel besoin de reconnaissance?

Pour ceux qui n’ont jamais lâché le club, qui n’ont pas quitté le navire durant les moments difficiles. Je pense aux parents de juniors, aux gens qui ont toujours été là. On veut leur montrer que leurs efforts n’ont pas été vains et que, grâce à eux, le FC Yvonand est bien vivant aujourd’hui. Et bon, on aime bien aussi qu’on parle de nous, parce que nous avons le sentiment d’être un peu le parent pauvre du football nord-vaudois (rires). 

Carrément!

Oui, carrément. Bon, j’exagère un peu, on sait qu’on oscille entre la 4e et la 5e ligue, mais on se sent quand même un peu isolés, tout au bout du canton de Vaud, y compris médiatiquement.

Comment expliquez-vous ce relatif désintérêt? La réponse est d’abord sportive, non? De l’autre côté du lac, le FC Grandson est un club qui fait parler de lui en bien, mais les deux villages sont de taille relativement comparable…

Oui, on a du retard à rattraper, je suis d’accord. C’est pour cela qu’on se donne à fond, qu’on multiplie les efforts.

Concrètement?

On organise le 1er août au village, et on a diffusé les matches de la Coupe du Monde sur un écran géant à l’Hôtel de la Gare à Yvonand. On a beaucoup demandé à nos membres cet été, mais on doit passer par là pour redonner une identité forte à ce club et faire en sorte que les gens s’intéressent à nous.

D’accord, mais cela ne répond toujours pas à la question: pourquoi le FC Yvonand, aujourd’hui, est-il en 4e ligue?

On a eu un gros creux dans les années 90. Tout a été mis de côté, la formation, les juniors… On a perdu notre identité à ce moment-là. On a toujours oscillé entre la 4e et la 5e ligue, et on a toujours fait avec les moyens du bord. Et on est même arrivé à une extrémité insoupçonnable…

Laquelle?

Eh bien, lors de la saison 98-99, nous n’avons tout simplement pas inscrit d’équipes d’actifs.

Ah oui, quand même!

Nous avons inscrit seulement des seniors et des juniors, avant de réussir à revenir au début des années 2000. Depuis ce moment-là, on essaie tant bien que mal de remonter la pente, notamment sous l’impulsion d’un homme, Christian Maendly.

Qui a été votre entraîneur cette saison, juste?

Oui, mais à l’époque, il était président. Et sans lui, personne ne serait devant vous en train de parler aujourd’hui! Il a relancé la machine, notamment avec les frères Grünig, d’Essertines.

Et ensuite, vous êtes arrivé!

Oui, enfin, pas tout de suite. Je suis président depuis 10 ans. Bon, j’avais commencé de manière intérimaire!

Tout le monde dit ça!

Oui, mais moi c’est vrai (rires). Vous savez comment c’est… Je voulais rester juste pour assurer la transition et dix ans après, je suis toujours ici. J’avais une ligne directrice, que je n’ai d’ailleurs jamais modifiée.

Laquelle?

La clé, pour moi, c’est de pouvoir garder les juniors. Il n’y a pas de miracle, nos jeunes se faisaient attirer par les clubs de la région, bien mieux structurés, bien plus ambitieux. On a mis du temps, mais on est en train d’y arriver. Petit à petit, on est devenus plus « identitaires », on a formé un bon groupe local. Ca ne s’est pas fait du jour au lendemain, mais aujourd’hui, les joueurs n’ont plus envie de partir à tout prix. Et ça, c’est déjà une fierté.

Veuillez nous pardonner cette question méchante, mais pourquoi vos joueurs sont-ils restés à Yvonand toutes ces années?

Comment ça?

On a plein d’exemple de clubs qui sont en 4e ou 5e ligue et dont les joueurs s’en vont, même si le club est bien structuré…

Mais parce qu’ils se sentent bien ici. Nos joueurs se sentent à la maison ici, on leur consacre de l’attention. On n’a pas d’argent, mais on a autre chose. Et surtout, on essaie de ne pas se tromper dans le recrutement.

C’est-à-dire?

C’est-à-dire qu’on ne va pas seulement regarder le côté sportif, mais aussi la personnalité du joueur que l’on va essayer de faire venir ou même qui veut venir chez nous. Pour moi, c’est la clé. Jouer à Yvonand, d’une certaine manière, ça se « mérite », mais je vous prie de mettre des guillemets autour de ce mot. Et ensuite, pour finir de répondre à votre question, je dirais qu’on est quand même chez nous dans une mentalité de jeunesses campagnardes. Et on ne change pas de Jeunesse dans sa vie, donc on ne change pas de club de football non plus.

C’est en train de disparaître, ça, non?

Ca existe encore. La preuve.

Du coup, vos deux équipes sont composées d’énormément de joueurs venus de vos juniors?

Oui, le but est que tout le monde trouve le plaisir du jeu. En tout, nous sommes 180 dans le club, si l’on compte les seniors, les actifs et les juniors. On privilégie les entraîneurs locaux. De toute façon, il y a encore deux ans, notre première équipe était en 5e ligue. Qui a envie de venir de l’extérieur pour entraîner une I en 5e ligue?

Bon, là, vous êtes montés! Parlons un peu de cette 4e ligue…

Déjà, il y a une chose à dire en préambule: dans l’histoire récente du FC Yvonand, on compte quatre relégation et trois promotions… et aucune des montées ne s’est faite sur le terrain!

Comment ça?

A chaque fois, on a bénéficié du tapis vert. Mais bon, cela ne veut pas dire qu’on ne méritait pas de monter. De loin pas, même! En 2012-2013, on gagne 7 de nos 8 derniers matches, mais on termine derrière Etoile Broye III. On a célébré la deuxième place et vu que des équipes se sont désinscrites, on est montés! Sincèrement, on l’avait mérité et on l’a prouvé cette saison.

Vous finissez tranquillement en 8e place. Facile?

On n’a pas tremblé et on a montré avoir le niveau de 4e ligue. Notre montée n’était pas volée. Bon, il y a une autre satisfaction: depuis 2000, chaque fois qu’on est montés, on a presque toujours été relégués immédiatement. Pas cette fois. Donc là, déjà, on a le sentiment d’avoir progressé (rires).

Quelle est votre idée à court terme? Viser la 3e ligue?

Non, pas tout de suite. A terme, oui, mais plutôt à moyen terme. Ce qui est sûr, c’est qu’on va préparer l’avenir, sereinement. Michaël Groux va reprendre la première équipe. Il joue chez nous depuis plusieurs saisons, après avoir eu une brillante carrière de joueur à Yverdon Sport et à Ependes. Christian Maendly sera son bras droit, il aura un rôle de coordinateur sportif. Quant à la II, en 5e ligue, elle est confiée à Luis LLaca. On est prêts. Après, pour répondre à votre question clairement, la dernière saison de 3e ligue à Yvonand remonte à l’année 1986… Disons qu’on aimerait atteindre les finales de promotion le plus vite possible.

On est obligé de parler du terrain si on parle de reconstruction du club…

Ah, ça, c’est le sujet redondant!

On a l’impression, vu de l’extérieur, que vous vous battez contre tout le monde pour faire comprendre que le football est important à Yvonand!

C’est un peu ça… En fait, c’est quasiment devenu un sujet personnel! Quand je prends la parole au Conseil communal, tout le monde s’attend à me voir parler du terrain, c’est presque devenu un sujet de rigolade. J’en souris, mais ça ne me fait pas vraiment rire. En tant que président, je consacre un temps fou à ce club et je trouve que pour un village comme Yvonand, on devrait arriver à avoir un peu plus qu’un terrain pour dix équipes.

Vos dix équipes jouent sur un seul terrain?

Oui, avec le petit espace disponible derrière les buts… Voilà, on n’est pas obligé d’en parler des heures, sinon je vais de nouveau passer pour un râleur. Vous noterez que ce n’est pas moi qui ai abordé le sujet (rires)! Mais bon, avoir un seul terrain, c’est compliqué. Tiens, pour une raison très évidente d’abord: quand vous le refaites, vous ne pouvez plus vous entraîner. A force, ça fatigue les gens, tous les bénévoles… Un nouveau terrain, ça devient gentiment une urgence. Le nôtre date de 1960 et les vestiaires aussi. Enfin bref.

Vous parlez énormément d’identité, de juniors, d’attachement au maillot… C’est pour ça qu’Yvonand a quitté le Mouvement juniors de la Menthue?

Nous en sommes partis en 2013, c’est vrai. Je ne vous cache pas que cela a été un vrai sujet de discussions.

Vous avez hésité à prendre cette décision?

Oui, on en a longuement parlé.

Vous ne voulez pas développer?

Bon… On faisait partie d’un mouvement qui comportait sept clubs, dont un de 2e ligue inter. Le Mouvement Menthue, c’est Thierrens, Bercher, Chavannes-le-Chêne, Essertines, Nord Gros de Vaud et Donneloye. Je ne vais pas vous parler de ce groupement, mais je vais simplement vous dire que nous tirons un bilan positif de notre saison 2013-2014.

On va résumer, alors: il y a une année, vous avez quitté le Mouvement Menthue pour créer votre propre groupement avec l’US Cheyres-Châbles-Fond, un club voisin… et fribourgeois. Désormais, vous avez un « groupement » à deux. On a bien résumé?

Oui, c’est exactement cela. Enfin, disons qu’on a une entente avec Cheyres. On ne va pas parler de « groupement » à deux clubs (sourire).

Vous avez le droit de vous associer à un club d’un autre canton?

Oui, aucun problème. L’US Cheyres est un club qui nous ressemble, qui vient de tomber de 3e en 4e ligue fribourgeoise, et pour nous, c’est très facile de discuter. On a les B à Yvonand, les C à Cheyres, mais on est deux clubs vraiment séparés. Il n’y a pas tous ces problèmes de juniors qui finissent en B dans un club et veulent y rester. Vous voyez ce que je veux dire? Là, il y a d’un côté les juniors d’Yvonand, de l’autre ceux de Cheyres. On collabore, on joue ensemble, mais à la fin de leur formation, ils sauront très bien où aller. On a un « gentleman’s agreement » avec Cheyres et, je le répète, après une année, cela fonctionne très bien. Nous, on veut simplement intégrer un maximum de juniors à nos deux équipes d’actifs.

Tout le monde fait des groupements et vous, vous vous retirez…

Oui, on est un peu à contre-courant. Mais pas autant que ça, je crois. Attendons quelques années et on verra bien qui est à contre-courant et qui a anticipé dans la bonne direction. On le constate avec nos parents de juniors, le besoin de proximité est grand. Notre but aujourd’hui, c’est de remettre de l’enthousiasme, de l’envie, de faire grandir ce FC Yvonand. On est toujours en phase de renaissance, mais on arrive à maturité dans cette phase. On va bientôt pouvoir passer à la phase de consolidation. Le FC Yvonand est bien vivant, et a retrouvé la santé. On est heureux de le faire savoir, mais on doit déjà penser à l’étape suivante.

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