« Aujourd’hui, on a perdu deux points, c’est tout. On doit plier l’affaire plusieurs fois, que ce soit juste avant la mi-temps ou après. Là, il y a de la déception, c’est sûr. » Andrea Binotto est un peu fâché, non pas forcément du résultat, mais plus de la manière avec laquelle Stade-Lausanne s’est fait rejoindre samedi, à Vidy. Les Stadistes menaient en effet 3-1 à la pause, après une première période qu’ils ont intégralement dominée. Mais le FC Bavois est une équipe de caractère et est revenu dans le match, comme à Yverdon, où, mené 2-0 à la mi-temps, le FCB avait fini par s’imposer (lire ici). Cette fois, les Bavoisans sont repartis avec un seul point, mais il suffira à leur bonheur et il aurait été malhonnête de leur part d’en réclamer plus.
Le FC Bavois s’est déplacé à quinze!
Ce derby vaudois a été spectaculaire, comme le laisse supposer le score, et Stade-Lausanne avait une occasion magnifique de reprendre la tête du championnat. Fabian Geiser et ses coéquipiers ne le savaient pas encore, mais la défaite d’Azzurri 90 à Yverdon (lire ici) leur offrait la chance de s’installer en première position, légèrement détaché. Mais pour cela, il fallait gagner et la réception de Bavois s’annonçait plutôt bien de ce point de vue. Pourquoi? Parce que le FCB était bon à prendre en ce samedi. Les visiteurs restaient en effet sur deux défaites consécutives en championnat et, surtout, se sont déplacés à 15 à Vidy! Esteban Rossé et Marco Malgioglio étaient suspendus et les blessés « habituels » toujours indisponibles. La seule bonne nouvelle résidait dans le retour de Renato Rocha, enfin titularisé dans ce championnat après plusieurs semaines de galères physiques. La présence de l’avant-centre a tout changé… en deuxième période.
Stade domine d’entrée
Car, avant que Bavois ne revienne dans le match, il y a eu une première période. Et autant le dire, elle a été très longue pour le FCB! Stade-Lausanne (privé de Florian Gudit, victime d’une commotion cérébrale la veille à l’entraînement, et de Nicolas Tebib, parti vers son avenir de médecin) a commencé fort, marquant le 1-0 au quart d’heure grâce à Quentin Rushenguziminega. Seul face à Marco Grosso, il ne manquait pas son affaire. Ras de terre, efficacité et 1-0. Stade faisait bien tourner le ballon et se créait les meilleures occasions. Le 1-1 de Nicola Zari quelques minutes plus tard était alors une surprise, forcément bienvenue pour les visiteurs. La qualité de la demi-volée du milieu offensif du FCB méritait bien cette égalisation, le scénario global du match pas vraiment.
Ngindu-Rushenguziminega: duo de feu
Stade-Lausanne allait continuer sur sa lancée, malgré la sortie sur blessure de Mateus Fungilo, remplacé par Axel Danner. Deux buts similaires (ballons dans le dos de la défense) allaient profiter à Brice Ngindu et Quentin Rushenguziminega, encore, pour pores le score de 1-1 à 3-1. On le sait, ce duo d’attaque est l’un des tout meilleurs de 1re ligue et Bavois a payé pour le savoir samedi. Un débordement de Brice Ngindu, suivi d’un centre en retrait parfait pour Stevo Gasic aurait pu permettre à Stade de classer l’affaire, mais la frappe de l’ancien Lausannois et Montain était trop enlevée (44e). Dommage, car à 4-1, Bavois aurait sans doute lâché l’affaire. Il n’en a rien été et Stade pourra s’en vouloir.
Andrea Binotto: « Il nous a manqué de l’agressivité »
« On leur a permis de revenir dans le match, c’est ce qui m’énerve le plus. Il nous a manqué de l’agressivité. Les deux joueurs, chez nous, qui jouent un peu dans ce registre sont Florian Gudit et Mateus Fungilo et en deuxième période, on n’avait ni l’un ni l’autre », regrettait Andrea Binotto. Ce Stade « trop gentil » s’est donc fait rejoindre, sur deux actions assez particulières. La première? Renato Rocha perfore plein axe, va chercher un ballon aérien et Sébastien Le Neün lui place le pied… en plein visage! « RR » est resté de longues secondes au sol, mâchoire déplacée et a d’ailleurs fini sa journée à l’hôpital suite à cette action. Le penalty était indiscutable et les Bavoisans ont même réclamé un carton rouge qu’ils n’ont pas obtenu. Le penalty suffisait au bonheur de Nicola Zari, qui n’a évidemment pas tremblé. 3-2 à une demi-heure de la fin.
La « boulette » de Robin Enrico pour le 3-3
3-2 et bientôt 3-3, suite à une erreur de Robin Enrico. Sur une passe en retrait anodine de Sébastien Le Neün, le gardien du SLO manquait complètement son dégagement, qui arrivait dans les pieds de Micael Martins. Celui-ci servait intelligemment et généreusement Renato Rocha, qui inscrivait le 3-3 dans la cage vide. Cela s’appelle un cadeau et Rocha peut remercier autant Martins que le malheureux Enrico, dont la boulette a coûté deux points à son équipe. Mais Stade serait malvenu d’accabler son gardien. Si Gasic avait marqué le 4-1, ou si Quentin Rushenguzimena avait inscrit le 4-2 à la 75e, seul devant Marco Gross, le SLO aurait aussi gagné. Bref, le football est un sport d’équipe.
« RR » fait de la place
Bavois est donc un peu miraculé dans ce match, mais ce point lui fera du bien au moral avant de récupérer ses nombreux blessés. On l’a vu aujourd’hui, le retour de Renato Rocha lui a fait un bien fou. Nicola Zari et Marco Malgioglio, qui ont occupé le poste d’avant-centre ses dernières semaines, sont des joueurs trop forts pour la 1re ligue, mais au milieu de terrain. Devant, ils n’ont pas les mêmes qualités ni les mêmes repères et ils sont trop précieux à leur vrai poste pour les « sacrifier » en pointe. Rocha, par contre, sait faire. Le guerrier va au contact, tel un taureau déchaîné, rentre dans les défenseurs, qui le craignent. Bref, il fait de la place. Samedi, pour son retour, il provoque le penalty du 3-2, en s’engageant à fond et marque le 3-3, il est vrai idéalement servi par Martins. En résumé, il est de retour et cela s’est vu.
Stade-Lausanne? L’élégance plutôt que la hargne
Stade, de son côté, est toujours invaincu, c’est un fait et il est réjouissant. Mais là, aujourd’hui, pas question de sourire après le match: il fallait gagner, point. Cela s’appelle l’apprentissage et Stade-Lausanne doit désormais se montrer moins gentil, s’il entend rester tout en haut un moment. En 1re ligue, personne ne fait de cadeau, c’est tout. Ce club, c’est tout à son honneur, cultive l’élégance et la distinction à tous les niveaux, de son staff à ses joueurs en passant par sa direction et son stade. Tout respire la classe à Vidy. La hargne, un peu moins, et ce n’est évidemment pas une critique. Mais parfois, on gagne les matches aussi ainsi…
Les hommes du match
Du côté de Stade-Lausanne, on mentionnera le doublé de Quentin Rushenguziminega. Deux réussites parfaites de sang-froid grâce à deux face à face parfaitement maîtrisés. Du bon travail. Gros match également de Julien Ruchat au milieu de terrain. Travailleur de l’ombre indispensable et joueur très fiable.
A Bavois, la présence de Renato Rocha a fait un bien fou, on l’a dit. Avoir un avant-centre, cela change la vie, même s’il n’est pas encore à 100% et que cela se voit. Nicola Zari mérite également une mention, pour son doublé et pour son activité de tous les instants.
Les prochains rendez-vous
Déplacement pas forcément facile pour le SLO, qui sera à Lancy le samedi 20 septembre à 17h. Même jour, même heure, le FC Bavois devra prendre trois points contre le FC Monthey. Tout autre résultat serait une contre-performance.
Stade-Lausanne-Ouchy – FC Bavois 3-3 (3-1)
Buts: 14e Rushenguziminega 1-0; 21e Zari 1-1; 30e Ngindu 2-1; 40e Rushenguziminega 3-1; 57e Zari, pen. 3-2; 83e Rocha 3-3.
Arbitres: M. Rothenfluh, assisté de M. Zihlmann et de M. Blättler.
SLO: Enrico; Karac, Geiser (86e Demiri), Le Neün, Micheli; Fungilo (22e Danner), Ruchat; Ngindu, Gasic, Rochat (61e Soos); Rushenguziminega.
Entraîneur: Andrea Binotto.
Bavois: Grosso; Caseiro, Bentayeb, Cottens (71e Renatus), Kurtic; Bovay, Rachane, Zari; Martins,Rocha, Hill (63e Zeneli).
Entraîneur: Bekim Uka.
Stade Juan-Antonio-Samaranch, Vidy