Le début de saison en apparence peu agité du VS s’est transformé en profonde crise au cours de ces dernières semaines. Entre démissions massives au sein du comité, départs de joueurs et créances impayées, le club d’En Copet se trouve à nouveau dans l’oeil du cyclone. Décryptage.
Vevey-Sports semblait bel et bien s’être extirpé de la situation délicate qui était la sienne au printemps passé. Sportivement, la formation de Promotion League avait réussi à sauver sa peau sur le terrain, et les déboires financiers liés notamment au paiement des salaires des joueurs semblaient avoir été résolus en grande partie. Le club veveysan avait également eu droit à sa belle fête du football, en accueillant le Lausanne-Sport au 1er tour de la Coupe de Suisse, attirant au passage plusieurs milliers de spectateurs à la Tour-de-Peilz. L’arrivée d’un nouvel entraîneur, Metin Karagülle, porteur d’un projet ambitieux, semblait annoncer le début d’une nouvelle ère au VS.
Démissions à la pelle
Seulement voilà, derrière la jolie vitrine qu’offrait en devanture ce début d’exercice 2025-2026, la réalité dans les coulisses s’est rapidement révélée être bien différente. Alors que le directeur sportif Salim Karib déclarait fin juillet à un autre média régional « que seuls les salaires de quelques éducateurs restaient à solder », félicitant au passage les efforts consentis par le président Fatlind Rama, nommé en juin et arrivé au sommet de la hiérarchie du club rempli de bonne volonté et avec de nombreuses promesses à tenir.
Moins de 3 mois plus tard, la démission de sept des neuf membres du comité directeur du club, parmi lesquels Justine Ruffieux, Aldo Carro, Yharann Imhof (président d’honneur), Hein Spaar (trésorier), Umberto Dragone, Christophe Meldem (responsable seniors), annoncée vendredi dernier lors d’une assemblée générale extraordinaire, dépeint un tout autre tableau. Les raisons invoquées par ces départs ne sont autres que des divergences d’opinion avec la direction actuelle du Vevey-Sports. Ce à quoi Fatlind Rama a rapidement répondu dans un communiqué publié par la Confrérie du Vevey-Sports sur les réseaux sociaux, s’estimant « empêché de travailler et de pouvoir avancer. Beaucoup de gens ne nous aident pas, même s’ils sont là depuis vingt ans. Ils sont juste là pour donner des ordres. » Il sera désormais épaulé par Egzon Uka, aux postes de vice-président et de trésorier, celui-ci étant principal bailleur de fonds de l’entité depuis l’élection du nouveau président.
Manque cruel de liquidités
Dans ce contexte tumultueux, les interrogations sont multiples et le doute s’épaissit. Contacté en fin de semaine dernière, Salim Karib, qui oeuvre au club depuis 5 ans, reconnaît n’avoir jamais connu de pareille situation chez les « jaune et bleu ». « On ne va pas se mentir, même si le début de saison était plutôt encourageant, avec la jolie visibilité que nous a offert la Coupe de Suisse, c’était un peu l’arbre qui cache la forêt. Depuis que je suis arrivé, la stabilité était notre marque de fabrique et force est de constater qu’à l’heure actuelle, avec trois présidents qui se sont succédés en une année, nous en sommes bien loin. »
Au moment d’évoquer les soucis d’argent de la structure, qui peine encore à régler certaines ardoises de la saison écoulée, le directeur sportif se montre à la fois fataliste, mais aussi quelque peu résigné: « Pour être franc, l’exode massif de certains joueurs, que ce soit de la première ou de la deuxième équipe, ainsi que de plusieurs membres du staff est clairement lié au fait de nos ennuis financiers. » Il poursuit: « Nous avons fait notre maximum pour obtenir des aides financières, mais cela prend du temps. Nous fonctionnons aujourd’hui à flux tendu. Les gens doivent comprendre qu’actuellement il faut faire preuve d’un peu de patience. Hormis une très grosse facture qui concerne notre chauffeur de bus pour les déplacements de l’an passé, le reste des comptes qui nous restent à solder sont des sommes plutôt modestes, que nous ne pouvions pas prioriser lorsqu’il a fallu assainir les comptes pour avoir le droit de faire redémarrer notre première équipe en Promotion League », faisant notamment référence à plusieurs primes de joueurs de l’équipe réserve, dont les contrats stipulaient des paiements mensuels de l’ordre de quelques centaines de francs pour la saison 2024-2025, et dont les sommes restent encore largement impayées.
« Notre monde aujourd’hui, c’est qu’on évolue au troisième échelon du football suisse avec le budget d’un club de cinquième division. On a une masse salariale de 150’000-200’000 CHF par saison. Bien évidemment que nous avons eu des gros soucis d’organisation au cours des derniers mois, mais nous avons fait des promesses aux supporters, et il est hors de question que le club se voit pénalisé pour des questions administratives », conclut Salim Karib.
Marvin Louisius change d’air, d’autres l’imitent
Quelques jours après l’officialisation de la sanction prononcée par la Commission de discipline de la Première Ligue, qui a puni vendredi le Vevey-Sports pour « infractions aux dispositions relatives à la confirmation du paiement des salaires et des charges sociales », pour le deuxième trimestre de l’année 2025, l’absence de certains cadres lors du déplacement de dimanche à Schaffhouse a sonné comme un aveu d’impuissance.
Le capitaine Marvin Louisius, pas présent sur la feuille de match lors de la défaite des siens 4-0 à la FCS Arena, évoque, de son côté un « besoin de prendre du recul et de faire une pause jusqu’à la trêve hivernale. Je ne suis pas parti parce qu’il y avait un problème, je n’avais simplement plus de motivation. La tête n’était plus là, donc c’était mieux pour moi d’arrêter, pour donner la possibilité à un autre de jouer. » Un discours honnête alors même que le principal intéressé venait de renouveler son engagement dans la Riviera, mais un départ handicapant pour le VS, dont certains autres éléments ont déjà pris le large, à l’image d’Allan Eleouet, qui a rejoint le FC Bavois dans les dernières heures du mercato, ou encore de Yannis Kali, parti au FC Grand-Saconnex.
La nouvelle lanterne rouge de Promotion League, affaiblie, en proie à de nombreuses difficultés extra-sportives, se trouve maintenant plus que jamais dans la tourmente.
Texte : Lucas Panchaud
Photo de couverture: Maxime Gubler
